Le père de la révolution cubaine, Fidel Castro, est mort vendredi 25 novembre. De grands hommes politiques, des pères des nations, ont marqué le XXe siècle.
Citons, parmi les plus importants, le Chinois Mao Tsé-toung, l’Indien Mahatma Gandhi, l’Indonésien Soekarno, le Turc Mustapha Kamel, l’Egyptien Jamal Abdel Nasser, l’Américain Dwight Eisenhower, le Français Charles de Gaulle et bien entendu le Tunisien Habib Bourguiba. Fidel Castro, fut le dernier géant du XXe siècle. Les visions de ces grands leaders, leurs stratégies et leurs alliances spontanées ou idéologiques étaient certes différentes. Mais ces grandes personnalités étaient les pères de leurs nations. Il ne nous appartient pas de juger leurs œuvres, qui faisaient valoir leurs projets de société, selon leur propre lecture des aspirations de leurs peuples. Mais la dynamique de développement qu’ils ont mise en œuvre est évidente.
Fidel Castro (13 août 1926 – 25 novembre 2016) est le père de la révolution cubaine. Il avait renversé le régime dictatorial du général Batista et prit le pouvoir et le garda jusqu’à sa démission pour des raisons de santé en février 2008. Officiellement nationaliste au départ, la révolution cubaine prit une orientation « marxiste-léniniste » au début des années 1960. Ne perdons pas de vue le rôle idéologique du docteur Ernesto Guevara (dit « le Che »), qui marqua de son empreinte le nouveau discours fondateur de la révolution. Selon sa vision politique, Fidel Castro instaura progressivement une république socialiste à parti unique.
Son affrontement avec l’Administration américaine de l’époque et l’idéologie fondatrice de son régime expliquent le rapprochement du pays avec l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS). Les États-Unis, qui voient d’un mauvais œil l’établissement d’un régime hostile dans leur proximité, soutiennent en matériel et en entraînement les exilés cubains anticastristes qui préparent un débarquement à Cuba.
La CIA pense que le débarquement va provoquer un soulèvement populaire contre Castro. Or, il n’en est rien, et les forces débarquées, en avril 1961, sont capturées, alors que le Président Kennedy retire au dernier moment son soutien à l’opération. Ce qui accéléra l’affirmation socialiste du régime : le 2 décembre de cette même année, lors d’une intervention télévisée, Castro se définit comme un « marxiste-léniniste » et annonça que Cuba adopte le communisme.
L’installation des missiles russes à Cuba, en 1962, suscita l’inquiétude des Américains. Le gouvernement américain, considérant l’installation d’armes nucléaires soviétiques à 90 miles de Miami comme une agression et une menace directe contre la sécurité des États-Unis, mirent en place un embargo autour de Cuba, susceptible d’arrêter tout navire à destination de l’île. Grave crise internationale, risque d’entrer en guerre des deux puissances. Mais Khrouchtchev accepta finalement de retirer les lance-missiles en échange d’une promesse américaine de ne pas envahir Cuba et du retrait secret de leurs missiles Jupiter de Turquie et d’Italie.
A la suite de cet événement, les États-Unis ne tentèrent plus d’invasion de Cuba, mais leurs relations restèrent tendues. Les USA maintinrent l’embargo et continuèrent à soutenir les exilés. Depuis lors, Fidel Castro défiait la superpuissance américaine. Initiative du Président Obama, bénéficiant de l’accord de Raoul Castro, qui a succédé à son frère, les États-Unis et Cuba enterrent la hache de guerre. Barack Obama et Raul Castro ont annoncé, mercredi 17 décembre 2014, une normalisation des relations entre les deux pays. Une ambassade américaine est ouverte, en attendant la levée de l’embargo annoncée.
Figure politique controversée, rebelle, révolutionnaire et stratège, Fidel Castro a marqué l’aire américaine, qui l’intègre parmi ses grands leaders. Rappelons que les dirigeants des trente-trois pays de la région ont proclamé, lors du deuxième sommet de la Communauté d’États latino-américains et caraïbes (Celac), le 29 janvier 2014, Fidel Castro « guide politique et moral d’Amérique », un titre qui illustre la stature singulière du « líder máximo ».
Partout ailleurs, sa stature était reconnue, qu’on partage ou non ses options idéologiques. Citons parmi les réactions qui se sont multipliées, à travers le monde, après sa mort, la déclaration du Président français, François Hollande : « Castro, dit-il, a incarné la révolution cubaine, dans ses « espoirs » et ses « désillusions ».