Des nouvelles reconfigurations majeures marquent la géopolitique mondiale. La guerre au Moyen-Orient ou le chaos en Libye provoquent une confrontation majeure. Libye : Quelle lecture peut-on faire aujourd’hui ? Dans ce cadre s’est tenu les 25 et 26 novembre un colloque international sur le thème « les frontières à l’épreuve de la guerre ».
La Libye telle qu’on la connaît aujourd’hui se retrouve devant une situation assez complexe, notamment avec la présence de plusieurs milices qui s’entretuent pour le pouvoir où le croissant pétrolier devient l’enjeu principal de toutes les forces en présence en Libye. « Que les Occidentaux et les puissances mondiales s’intéressent à la Libye n’a rien d’étonnant vu sa manne pétrolière. Cet intérêt porte tout son sens », souligne Jamil Sayah, président de l’Observatoire de la sécurité globale OTSG. Il déclare dans ce contexte: « Et c’est la raison pour laquelle l’instabilité en Libye ne peut en aucun cas être résolue par un règlement politique, car les grands enjeux sont à la fois énergétiques et financiers ».
Un regard sur la Libye, qu’en pensent nos experts ?
Sur cette question, il faut déterminer quels sont les grands intérêts des grandes puissances dans la région ? M. Sayah a répondu que chacune de ces puissances se sert d’un argument qui est le sien, la lutte contre Daech, mais le but commun, c’est la mainmise sur le quatrième producteur de pétrole.
Or pour le cas de la Tunisie, c’est un regard totalement différent. Il précise : « Nous souhaitons zéro problème avec le pays voisin. Et à partir de là, il va falloir commencer à réfléchir à une stratégie sécuritaire et une vision commune car nous devons anticiper et gérer tous les risques ».
« Ce n’est pas par manque de vision mais plutôt par manque de volonté politique », soutient Rafaa Tabib, professeur d’anthropologie à la Faculté des lettres de La Manouba et spécialiste de la Libye. Selon lui, l’alliance au pouvoir fait en sorte que le dossier libyen soit entre les mains des personnes qui n’ont pas le sens de l’Etat, tout en précisant que la problématique d’aujourd’hui est d’inventer de nouveaux paradigmes pour mieux comprendre la problématique libyenne de manière micro et non macro comme le feraient les Français ou encore les Anglais ».
Autrement dit, M. Rafaa suggère d’opter pour des discussions avec les clans libyens en particulier les tribus, et non avec le gouvernement d’union nationale désigné par la communauté internationale. Il déclare, dans ce contexte : « La Tunisie est concernée par 20 tribus qui se trouvent à nos frontières, parmi lesquelles 18 de ces tribus sont contre le terrorisme. Cela dit, si les discussions avaient été avancées par nos officiels, ou du moins par ceux qui ont ce statut, nous aurions pu être des acteurs très importants de la reconfiguration politique à venir en Libye ».
Mais après la Libye, qu’en est-il du Moyen-Orient ?
L’Histoire nous rappelle que le Moyen-Orient a une importance stratégique. Quel rôle doivent jouer les acteurs de la région? D’après le Dr. Walid Ramez Arbid, Professeur d’Histoire des Relations internationales à l’Université Libanaise, Institut des Sciences Politiques à l’USJ et à l’Ecole d’Etat Major de l’Armée libanaise, et président de l’Observatoire des Relations Internationales et Stratégiques( ORIS), il faut régler la question palestinienne d’abord, ensuite la question kurde.
Il poursuit : « La création de l’Etat palestinien est sans conteste une question urgente, afin d’arrêter l’escalade de violence dans les Territoires occupés, même si beaucoup de gens pensent le contraire. Or le problème d’aujourd’hui est de savoir comment agir contre le terrorisme, contre Daech et Jobhet Ennosra utilisés par les grandes puissances afin de sauvegarder leurs intérêts et non ceux du monde arabe ».
« Alors que le Moyen-Orient se décline aujourd’hui par des conflits centraux – le conflit palestino-israélien, la guerre en Irak, la crise syrienne, le chaos en Libye – au vu de la nouvelle reconfiguration de l’échiquier mondial où est la place du monde arabe? Où se situe-t-il ? Car le monde arabe a une importance cruciale pour l’équilibre stratégique et économique du monde », conclut-il.