La question du SIDA constitue une préoccupation majeure dans les politiques de santé publique, quel que soit le profil épidémiologique du pays. Car même si le nombre de personnes atteintes est réduit comme dans le cas de la Tunisie, la vigilance est de mise. En effet, il s’agit de s’améliorer sans cesse et de ne pas rester figé sur ses acquis.
Une journée mondiale consacrée à cette maladie, qui sera célébrée le 1er Décembre, rappelle à quel point la mobilisation contre cette maladie planétaire est cruciale, pas seulement le temps d’une journée mais tout au long de l’année.
Les pays d’Europe de l’Est et d’Asie Centrale sont un exemple qui illustre parfaitement les répercussions négatives du relâchement des efforts de prévention et de la prise en charge de cette maladie . Ces pays enregistrent depuis 2014 des taux records de nouveaux cas de SIDA depuis les années 1980.
Les scientifiques observent en effet depuis peu, un retour en arrière, qui se traduit par une augmentation de nouveaux cas, mais aussi par un recul de l’accès aux soins et du dépistage. Cela revient à un retour en arrière des mentalités, et à la stigmatisation croissante à l’encontre d’une population particulièrement exposée au risque de transmission, à savoir les usagers de drogues injectables (UDI), les homosexuels masculins, et les travailleuses du sexe.
En Tunisie, la situation est loin d’être aussi alarmante, fort heureusement on ne compte pas plus d’une centaine de nouveaux cas enregistrés chaque année, mais il est nécessaire de continuer à fournir des efforts, de renforcer les acquis.
L’année 2016 a été vécue comme un traumatisme pour tous les intervenants en matière de lutte contre le SIDA en Tunisie. Durant près d’un an, un bras de fer s’est engagé entre les membres de la société civile tunisienne et l’ancien ministre de la Santé pour la signature d’un accord-cadre avec le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, qui couvre jusqu’à la moitié des besoins financiers de la lutte contre cette maladie. Bien que l’accord- cadre ait été finalement signé, cet incident souligne la vulnérabilité du système mis en place, encore tributaire des hésitations des politiques, des procédures et blocages administratifs.
D’un autre côté, malgré les progrès observés en termes d’accès aux soins, il y a encore beaucoup à faire en matière de qualité de prise en charge, notamment sur le plan humain. Des personnes porteuses de la maladie souffrent dans certains cas de mauvais traitements, d’entorse au devoir d’anonymat et se voient même refuser des soins en raison de leur statut sérologique.
Malgré les manquements, la Tunisie ne relâche pas ses efforts et tente tant bien que mal de généraliser le dépistage et améliorer la prise en charge. Les centres de conseil et de dépistage anonymes et gratuits (CDAG) mis en place par le ministère de la Santé, depuis 2009, sont au nombre de 25 et répartis dans 20 gouvernorats Ainsi se faire dépister , y chercher des renseignements et les partager sont un précieux atout dont il ne faudrait pas être privé !