François Hollande a annoncé, jeudi 1er décembre, qu’il ne sera pas candidat à un second mandat. Il a ainsi mis fin au suspense, qui préoccupait la classe politique française.
Renouvellement des enjeux, le duel Sarkozy/Hollande, annoncé lors du retour de l’ancien président français sur scène, est écarté. Les deux présidents seraient ainsi appelés à cultiver leur jardin. Ils ont été d’ailleurs rejoints par Alain Juppé, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, mis hors jeu par les urnes des primaires de la droite et du centre.
Une nouvelle classe politique appréhenderait les élections de 2017. Les primaires de la droite et du centre ont cependant désigné François Fillon comme leur candidat. D’autre part, Manuel Valls «va très vite sortir de sa réserve», pour présenter sa candidature aux primaires socialistes. Il ne s’est pas encore exprimé – si ce n’est pour saluer « un choix difficile, mûri, grave », « le choix d’un homme d’État » du président Hollande. Ces deux hommes d’Etat, François Fillon et Manuel Valls devraient cependant occulter leurs bilans, comme anciens premiers ministres, pour se présenter comme « hommes nouveaux ».
La droite sort unie de ces primaires. Mais la candidature du président du MoDem, François Bayrou, n’est pas exclue. Il a déclaré jeudi 1er décembre, à BFM TV qu’il déciderait « d’ici fin janvier-début février » s’il se présente à l’élection présidentielle de 2017. Le dirigeant centriste juge « dangereux » le programme du candidat de la droite, François Fillon. »On est candidat à l’élection présidentielle lorsqu’on sait avec certitude que ce qu’on porte n’est porté par personne d’autre et que c’est essentiel pour l’avenir du pays », a-t-il dit. « Cette décision ne peut être prise qu’au terme d’une réflexion après un travail par étapes. » D’autre part, de nombreux dirigeants du centre font valoir leur sympathie pour Emmanuel Macron, ancien ministre de l’Economie et des Finances, qui a présenté sa démission et prit ses distances du président Hollande. Candidat hors partis, il bénéficie cependant d’importants soutiens au sein du parti des Républicains et du parti socialiste.
Point de rassemblement du côté socialiste. De nombreux candidats se présenteront aux primaires de la gauche. Arnaud Montebourg, l’ancien ministre du Redressement productif, se vantait «de faire une entrée en force dans le processus des primaires». D’autre part, des sondages affirment qu’il perdrait en revanche d’une courte tête si le président laissait sa place à Manuel Valls. Mais le renoncement du président Hollande ouvrirait la porte à de nombreuses candidatures, y compris celle des frondeurs, qui ont mis à rude épreuve l’équipe socialiste au pouvoir. De son côté, Jean-Luc Mélenchon, ancien candidat à la présidence, en 2012, avait immédiatement écarté l’idée d’une participation à une primaire de la gauche, et déclaré sa candidature à la présidentielle, sans le soutien du PC.
Réservé sur la primaire socialiste, le parti communiste déclarait : « Une primaire citoyenne de la gauche n’a de sens qu’en redonnant la parole aux citoyens et en construisant une candidature alternative à celle de François Hollande qui est disqualifié pour porter les couleurs de la gauche. » Participera-t-il au scrutin des primaires socialistes, puisque le retrait du président Hollande satisfait ses réserves? Il serait plutôt porté à présenter la candidature symbolique d’un des siens. D’ailleurs, les communistes, les écologistes et les frondeurs ont évoqué la nécessité de définir un « socle de valeurs », conforté par la mise en place d’un « périmètre politique », déterminé à partir de débats citoyens qui devraient être lancés. Mais l’initiative de François Hollande brouille les cartes.
Au vu de la fracture de la gauche, on s’orienterait, lors du 2e tour des élections vers un affrontement François Fillon / Marine Le Pen. Elle a d’ailleurs estimé vendredi 2 décembre qu’elle se préparait à affronter « les doublures » de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, tablant manifestement sur une candidature à gauche de Manuel Valls, après la victoire de François Fillon à la primaire de la droite. Or, le Front National est un épiphénomène, une séquelle de la conjoncture de la décolonisation. Son positionnement protestataire pourrait facilement être transgressé par le retour aux normes et les rééquilibrages des grands enjeux électoraux. Le duel du deuxième tour opposerait vraisemblablement François Fillon à Emmanuel Macron, s’il arrive à mobiliser la société civile ou plutôt à un des dirigeants du parti socialiste: Manuel Valls ou Arnaud Montebourg. Face au défi, la gauche pourrait se mobiliser et imposer un rassemblement de ses forces.