Afin de recueillir le sentiment des dirigeants d’entreprise sur le climat des affaires en Tunisie pour l’année 2015/2016, la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) a mené, pour la deuxième fois de suite au cours de cette année, une enquête du 11 au 25 octobre 2016, auprès de 254 dirigeants adhérents de la CTFCI représentant des entreprises de profils divers.
Les résultats de cette enquête ont démontré que les procédures administratives, l’insécurité et la corruption forment les trois plus grands obstacles au développement des entreprises en Tunisie.
Il ressort que 64,0% des dirigeants considèrent que les procédures administratives sont un frein au développement de leur entreprise. Il s’agit de l’écueil le plus sérieux à leur activité. Il faut noter que ce score se situait en mars 2016 à 52.5%, confirmant que loin de s’améliorer, les procédures administratives ne font que gagner en complexité et en lourdeur.
L’insécurité est la seconde contrainte la plus sévère pour 60,2% de chefs d’entreprise et vient en troisième position la corruption avec 58,2% des entreprises interrogées qui la jugent comme un facteur handicapant.
L’accès au financement et la qualité des ressources humaines sont les facteurs qui freinent le moins la croissance des entreprises. Respectivement 41,2% et 35,0% des dirigeants les considèrent comme des contraintes sévères au développement de leurs activités. Ces scores sont néanmoins en augmentation par rapport à mars 2016 en se situant à 34,4% et 28,2%.
Toutefois, il a été constaté que le sentiment général qui se dégage montre la poursuite de la détérioration du climat des affaires de mars à octobre 2016.
Climat des affaires selon le profil de l’entreprise
Quelle que soit la nature du secteur, les procédures administratives représentent également la contrainte la plus sévère au développement des entreprises. L’étude de la CTFCI a dévoilé qu’environ 6 dirigeants sur 10 pensent que les procédures administratives représentent un frein au développement de leur activité.
En ce qui concerne la taille de l’entreprise, les plus petites structures (entre 1 et 9 salariés) sont le plus exposées à la complexité des procédures administratives. Pour les dirigeants des entreprises employant entre 10 à 49 salariés, la corruption représente la contrainte la plus sévère.
Quant aux entreprises de plus de 50 salariés, l’insécurité est la contrainte la plus sévère à leur développement. Les procédures administratives freinent davantage les régions autres que celles du Grand Tunis, du Sahel et de Sfax. Environ 7 dirigeants sur 10 pensent que les procédures administratives représentent un frein au développement dans ces régions.
Quant à la nationalité de l’entreprise, les sociétés françaises sont davantage freinées par les procédures administratives que les entreprises tunisiennes et celles à participation française. Toujours est-il que quel que soit le degré d’implication de l’entreprise dans les exportations, les procédures administratives demeurent la première contrainte à leur développement.
La même source a montré que globalement les entreprises qui ont une meilleure perception du climat des affaires sont les petites entreprises (de 1 à 9 salariés), les entreprises françaises et les entreprises totalement exportatrices.
Par ailleurs, seuls 7,5% des dirigeants sondés sont satisfaits de l’efficacité des services fournis par l’administration. La plupart des dirigeants sont plutôt moyennement satisfaits. Ce score est stable vu qu’il était de 7,7% en mars 2016.
64,8% des dirigeants sont insatisfaits des délais des procédures administratives et 58,3% considèrent ces procédures comme complexes. Les taux de satisfaction se sont détériorés entre mars 2016 et octobre 2016 vu que ces scores étaient respectivement de 53.3% et de 52.3%.
Les procédures douanières ne font pas l’exception. Seuls 13.1% des dirigeants en sont satisfaits contre 12,2% en mars 2016.
Concernant l’incitation à l’investissement, 47.6% des dirigeants questionnés sont moyennement satisfaits. Pour l’environnement fiscal, presque deux tiers des dirigeants sont moyennement satisfaits des conditions fiscales.
En ce qui concerne la qualité des infrastructures, le réseau aérien recueille le plus de satisfaction des dirigeants. Cela n’est que relatif, puisque seuls 26,7% des dirigeants en sont satisfaits alors que 57,4% n’en sont que moyennement satisfaits.
A l’inverse, les réseaux routier et portuaire représentent les infrastructures les moins satisfaisantes : une personne sur 10 en est satisfaite. Pour le réseau téléphonique, 46,5% le juge plus performant que le réseau internet avec 31.5%.
Idem pour le réseau électrique qui est jugé plus satisfaisant (43,7%) que la distribution de l’eau et l’assainissement (29,5%).
S’agissant du coût, les facteurs perçus comme les plus chers sont l’énergie et le transport aérien. En effet, 51,3% et 51,1% des répondants perçoivent les coûts de l’électricité et de l’énergie comme onéreux. La main-d’œuvre et les télécommunications sont perçues comme des facteurs compétitifs. Et seuls 26,0% et 18,7% des dirigeants perçoivent la main-d’œuvre et les télécommunications comme étant relativement chères.
Néanmoins, le coût des télécommunications a été perçu comme plus abordable alors que le coût du transport aérien comme assez cher.
En conclusion, le sentiment général qui se dégage donne à penser que la détérioration du climat des affaires de mars à octobre 2016 n’a pas connu de répit.