Est-ce à dire que notre système éducatif, qui a été la fierté du régime bourguibien, est à bout de souffle ? Le classement du Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves (PISA) nous place, bel et bien, au bas du tableau.
La Tunisie occupe la 65e place, sur un total de 70 pays, dans cette évaluation. Elle est dépassée par tous les pays arabes, représentées dans cette évaluation, à l’exception de l’Algérie : les Emirats Arabes Unies, occupent le premier rang dans ce classement (46e), suivis du Qatar (56e) et la Jordanie (61e). Le Liban, ex aequo avec la Tunisie, occupe le 65e rang. Alors que le Maroc, la Mauritanie et la Libye ne figurent pas dans le classement, l’Algérie occupe le 69e rang, sur 70 pays. Ce qui atteste que l’ensemble du Maghreb est au bas du tableau des performances.
Cette enquête cherche non seulement à évaluer ce que les élèves savent en sciences, en compréhension de l’écrit et en mathématiques, mais aussi à déterminer ce qu’ils sont capables de faire avec ces connaissances. Elle a été menée sur un échantillon de 540 000 élèves âgés de 15 ans, et scolarisés au sein des 72 pays et économies de l’OCDE.
Les résultats de l’enquête PISA révèlent la qualité et l’équité de l’apprentissage dans le monde entier, et offrent aux professionnels de l’éducation et aux responsables politiques la possibilité de découvrir les politiques et pratiques d’autres pays et de s’en inspirer. Le volume I de l’enquête évalue la compréhension de l’écrit.
L’enquête traite les questions de l’excellence et l’équité dans l’éducation, résume la performance des élèves en sciences, en compréhension de l’écrit et en mathématiques. Elle définit et mesure l’équité dans l’éducation. Elle se concentre sur les attitudes des élèves à l’égard de l’apprentissage en sciences et analyse leur aspiration à embrasser une carrière scientifique. Elle examine aussi l’évolution de la performance et de l’équité ces dernières années dans les pays et économies participant à l’enquête PISA.
La première place du classement revient à la République de Singapour, suivie du Japon et de l’Estonie. Globalement, les pays de l’OCDE les plus performants sont le Japon, l’Estonie, la Finlande et le Canada.
Deuxième objet de l’enquête, les mathématiques: il s’agit là de « formuler, employer et interpréter les mathématiques dans différents contextes ». Les premiers rangs sont occupés par Singapour, Hong Kong, Macao, Taipei, Japon, les villes de Pékin et Shanghai, les provinces de Jiangsu et Guandong, Corée du Sud, la Suisse, l’Estonie et le Canada. La Tunisie occupe le 67e rang sur 70. Singapour est à 564 points, pour une moyenne OCDE de 490. La France est à 493. Par contre, la Tunisie a obtenu 367 points, bien loin de la moyenne.
Cette donne préoccupante devrait inciter les pouvoirs publics à entamer une refonte totale de l’enseignement (programme et pédagogie). Elle requiert un renouvellement des modes d’apprentissage et une promotion universitaire des enseignants.
Peut-on refonder l’école, alors qu’elle est dirigée par les mêmes pilotes, des enseignants praticiens, faisant valoir une continuité scientifique et pédagogique. Un examen de l’éducation, à Singapour, qui détient la première place, devrait encourager la révision, la réactualisation et la redynamisation de notre système d’enseignement. A Singapour, les enseignants « sont évalués régulièrement, ont accès à la formation continue (une centaine d’heures chaque année pour chaque prof) et ont une formation initiale très développée », souligne Eric Charbonnier, spécialiste de l’éducation à l’OCDE.
« Un centre commun, le National Institute of Education, développe la recherche en éducation et forme les enseignants. Cela permet un dialogue fort entre les décideurs politiques, les chercheurs et les praticiens. Et grâce à ce système, le modèle éducatif singapourien est passé d’un modèle fondé sur la transmission des connaissances à un modèle plus axé sur la créativité et l’apprentissage autonome », observe Nathalie Mons (Delphine Bancaud, « Etude Pisa: Les secrets de la réussite scolaire de Singapour qui caracole en tête de l’enquête », site http://www.20minutes.fr).
La Tunisie devrait mettre à l’ordre du jour une révision globale de notre système éducatif. Au-delà du gadget annoncé précipitamment de l’école numérique, des révisions rituelles des vacances, des modalités des examens, il faudrait appréhender une vision globale.
L’école est le socle de notre république. Sa réforme concerne l’avenir de nos enfants, le développement de notre économie et la promotion du statut de notre pays. Nous sommes tous responsables du déclin scolaire, mobilisons-nous pour réaliser un sursaut. Soyons ambitieux, ne nous contentons pas d’assurer la formation professionnelle, faisons valoir l’objectif de la recherche, l’obtention des brevets d’invention.
Assurons la promotion de nos enseignants par le développement des acquis scientifiques et les formations pédagogiques régulières. Mettons l’ambition au service de l’excellence.
» Le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous »
Très bon article… Vraiment merci…j’ajouterai juste que les solutions envisageables ne pourraient s’appliquer que lorsqu’on on aura établi le bon ordre des priorités dans notre société. Il s’agit avant tout d’un choix POLITIQUE qui mettrait l’enseignement EQUITABLE au SOMMET de la pyramide. Il faudrait comprendre une bonne fois pour toutes que le véritable progrès n’aura de sens que s’il est partagé par TOUS absolument TOUS, et que songer que le développement de notre pays peut se réaliser via la promotion d’une élite MINORITAIRE n’est qu’un leurre.
Il s’agit effectivement d’un choix politique, au sens premier du mot « polis », « cité » et par extension la science des affaires de la cité. « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde », disait Nelson Mandela.