Les Tunisiens ont fêté le Mouled le lundi 12 décembre 2016, mais les festivités marquant l’anniversaire de la naissance du Prophète Mohamed (SAWS) ont commencé à Kairouan bien à l’avance.
Coincée entre une longue barrière métallique, qui entoure la Place du Grand Maghreb, et l’enceinte du Mausolée de Sidi Sahbi, un des compagnons du Prophète (SAWS), une foule attendait patiemment pour accéder à ce bel édifice religieux.
Avec téléphone portable et bagages : tout le monde doit passer en effet par une porte de sécurité gardée par la police, comme on en voit dans les aéroports et les grands hôtels. « C’est tant mieux », lance Am Ali, la soixantaine, dynamique, un mètre soixante-dix, un large cache-col sur la tête, venu de Sidi Amor Bouhajla, une ville des alentours de Kairouan (34 km), pour réciter la Fatiha sur la tombe de Sidi Sahbi, mort en 654, et enterré à Kairouan au XIII ème siècle.
De nombreux commerçants ont squatté la rue et ses trottoirs
On murmure, dans la longue file qui ne cesse de s’étaler, que la capitale des Aghlabides va accueillir une grande personnalité. En effet, la Grande mosquée, qui se trouve à un kilomètre de là, a ajouté quelques drapeaux à ses couleurs pour souhaiter la bienvenue au Chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, venu assister, en cette vieille du Mouled, à la cérémonie religieuse.
Un long parcours allant de l’hôpital Ibnou Jazzar, à l’entrée de la ville en venant de Tunis, jusqu’au quartier El Hajjam, est le lieu le plus animé de la ville. De nombreux commerçants ont squatté la rue et ses trottoirs pour offrir aux passants qui de la friperie, qui des produits en porcelaine, qui des sous-vêtements… à coups de haut-parleur.
Fethi est de la fête. Trente ans et beaucoup de métier, a installé dès les premières lueurs du jour une table, une bouteille de gaz et un brûleur. Il vend des sandwichs Kaftaji et des merguez. Et il n’est pas le seul. D’où cette odeur suffocante qui emplit l’espace et qui vous étouffe.
Une troupe musicale s’est installée à côté d’une Jahfa
Fethi est un habitué des lieux. Il vient tous les lundis pour vendre sa marchandise au marché hebdomadaire de Kairouan. « Mais cette semaine, précise-t-il, il n’y aura pas de marché hebdomadaire, tous les commerçants viennent ici ».
A Bab El Jelladine, la principale artère de la ville, ça grouille de monde, le jour du Mouled. Une troupe musicale s’est installée à côté d’une Jahfa montée sur un dromadaire.
La troupe n’oublie pas de chanter « Ya Saheb El Jah », une chanson qui glorifie le saint protecteur de la ville, Sidi Sahbi, de son vrai nom Abou Zamma Al Balaoui. Comme « Lalla Aïcha Barouta », une chanson également du folklore kairouanais.
La circulation est loin d’être aisée. « Il vaudrait mieux aller à pied », sourit Mahmoud, tablier blanc et gros bonnet en laine, un infirmer travaillant dans les environs de Bab El Jalladine. Et qui pour venir de la cité dite de l’AFH, où il habite, a été obligé de prendre « le périphérique » qui contourne la ville.