Le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance a présenté, le 16 décembre, le Rapport national sur la situation de l’enfance en Tunisie pour l’année 2015. Cette étude a montré que 920 enfants sont nés hors du cadre du mariage. Ce qui a fait dire à la ministre, Neziha Laabidi, que le terme de mère célibataire devrait être changé.
Outre la scolarisation qui affiche un taux très élevé, l’accès aux soins et à une bonne alimentation, l’ étude se penche également sur la maltraitance de l’enfance qui a encore de beaux jours devant elle. Jugez-en : la moyenne nationale des enfants victimes de violences est de 14 enfants sur 10 mille. Il a été constaté que 445 enfants ont subi des violences sexuelles, 1021 des violences physiques et 11458 des violences psychologiques. Sans parler des cas d’enfants à l’abandon, à savoir 630 cas.
Cette maltraitance concerne surtout les couches défavorisées. En effet, en 2016 le nombre de familles nécessiteuses a augmenté de 77% par rapport à 2010, soit 234.000 cas.
A l’occasion de cette publication, et malgré certains chiffres alarmants, l’Unicef n’a pas manqué de saluer les efforts de la Tunisie pour améliorer les conditions de vie de l’enfant en général. Présente lors de la conférence de presse, Lila Pieters, la représentante de l’UNICEF, a déclaré : » Nous fêtons cette année 70 ans depuis la création de l’Organisation qui veille au bien-être de l’enfance dans le monde. Je suis très fière que l’UNICEF est présente en Tunisie depuis 60 ans pour veiller à assurer les droits de l’enfance comme le droit à l’éducation, à la protection, à la santé, à l’amour, le droit afin que le meilleur intérêt de l’enfant soit respecté. La Tunisie, je le rappelle, était un pays-phare dans le monde et l’un des premiers pays à ratifier la convention des droits de l’enfant, mais aussi à mettre en place un code de l’enfance ».
Elle ajoute: « Assurons-nous aujourd’hui que ce code est surtout respecté. Nous devons tous nous mobiliser pour nous assurer que les droits de l’enfant sont respectés. Un enfant c’est un être humain, et non un objet, il doit être respecté avant tout. Et quand je parle de l’enfant, c’est depuis qu’il est dans le ventre de sa maman jusqu’à l’âge de 18 ans. Aujourd’hui, les adolescents dans le monde sont en crise partout. Nous devons nous mobiliser tous pour que l’année 2017 soit l’année de l’enfance. Je fais appel au secteur privé qui doit s’investir davantage pour un avenir meilleur ».
Par ailleurs, la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance a abondé dans le même sens pour que l’année 2017 soit l’année de l’enfance. Pour ce faire : » Il faut placer l’intérêt du pays au-dessus de tout. La responsabilité comprend tout le monde, elle ne se mesure pas à un gouvernement. Or Si nous voulons réussir, il va falloir que nous ayons une stabilité politique, une trêve néanmoins ».
Cela dit, un autre volet dont personne ne parle, a souligné, de son côté, Lotfi Belazi, directeur de l’animation éducative et de loisirs, auprès du ministère de la Femme, de la Famille et de l’enfance, à savoir l’endoctrinement des enfants.
Sur ce point, il a déclaré: « Nous avons étudié 10.000 cas d’enfants et avons détecté 70 cas d’enfants endoctrinés et élaboré un programme de lutte contre le terrorisme (2015-2016). Il s’agit d’un accompagnement psychologique des enfants et des parents. »
Il a précisé: » Les parents doivent être plus à l’écoute de leurs enfants car les enfants qui se sentent isolés sont une proie facile pour les terroristes dont l’objectif premier est de couper tout lien familial entre ces enfants et leur milieu d’origine. Nous sommes tout de même optimistes puisque nous avons réussi à ouvrir le dialogue au sein de la famille et c’est tout de même important ».
Pour conclure, il serait souhaitable que nous soyons plus attentifs sur ce que les enfants ou les adolescents ont à nous dire sur leurs conditions de vie, sur leur perception de l’école, de leur quotidien et du monde qui les entoure. Ce point est fondamental pour empêcher un sentiment d’isolement qui serait une porte ouverte à toutes les déviances. Certains sociologues, psychologues et même enseignants ne se lassent pas de le répéter. A bon entendeur…