Le crash du vol 9525 de la Germanwings, en mars 2015, a largement marqué les esprits par son mobile. Loin des défaillances techniques habituellement rencontrées, un avion civil s’écrase du fait qu’un pilote a décidé de mettre fin à sa vie, emportant avec lui 149 personnes vers la mort.
Ce drame sans précédent a mis la lumière sur un sujet de plus en plus présent au quotidien et dans les médias, celui de la dépression. Plus 350 millions de personnes en souffrent à travers le monde, avec des conséquences plus ou moins graves et différentes. Seulement l’aptitude physique et mentale des pilotes de ligne engage directement la sécurité de ceux qui sont à bord de leur avion. Leur santé mentale constitue un enjeu de taille en termes de sécurité des passagers et doit être régulièrement contrôlée. Certes les pilotes sont soumis à une surveillance médicale stricte , mais celle-ci serait plutôt axée sur l’évaluation des aptitudes physiques que mentales. De plus, même en cas de symptômes dépressifs les pilotes auraient tendance à se taire, par peur de voir leur carrière en pâtir.
Afin d’étudier la question, des chercheurs de l’université de Harvard ont interrogé 3485 pilotes via un questionnaire anonyme ( qui couvre également d’autres thèmes liés au travail et à la santé).
Pour ce faire, les scientifiques ont analysé les signes de dépression par le biais d’un outil diagnostic , à savoir le « Patient Health Questionnaire (PHQ) ».
Parmi les interrogés 52.7 % d’entre eux , soit 1837 pilotes ont répondu en totalité à l’enquête. Les résultats publiés dans la revue Environmental Health montrent que 12.6 % de ceux qui ont répondu au Patient Health Questionnaire, et 13.5% de ceux qui ont déclaré avoir pris les commandes d’un avion au cours de la semaine précédente au moment de l’enquête, présentaient des symptômes dépressifs. De même que 4.1 % ont rapporté avoir eu des pensées suicidaires au cours des deux dernières semaines.
Les résultats montrent ainsi qu’un pilote d’avion sur huit présente des symptômes dépressifs.
Si l’étude permet de mettre en évidence une plus forte propension de la dépression chez les pilotes de ligne par rapport à la population générale, ses causes sont à déterminer. Ainsi une question s’impose : en cas de dépression, comment encourager les intéressés à se faire traiter sans en subir les conséquences négatives professionnellement parlant ? Il s’agit d’une équation délicate qu’il est impératif de résoudre afin d’optimiser la sécurité des passagers.