Un pays à genoux économiquement, traînant comme un boulet une réputation de plus en plus noircie par le déchaînement meurtrier de nos terroristes en Europe, après leur cuisante défaite et leur débandade en Syrie, en Irak et en Libye.
Aujourd’hui, ce ne sont pas les terroristes et ceux qui les ont endoctrinés, fanatisés et envoyés à l’étranger qui sont pointés du doigt par la presse mondiale, mais toute la Tunisie et son peuple. Tel le journal français ‘’Le Figaro’’ qui ne fait pas dans la dentelle : « La Tunisie est le vivier du terrorisme mondial. Ce petit pays d’une dizaine de millions d’habitants infeste le monde par ses terroristes. »
Mais peut-on en vouloir aux Français et aux Allemands, victimes d’attaques au camion-bélier par des terroristes tunisiens, parce qu’ils vont un peu vite en besogne et regarder désormais tout Tunisien porteur du passeport vert avec appréhension, méfiance et suspicion ?
Ce qu’ont fait ces déchets humains qui ont pour noms Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et Anis Amri à Nice et à Berlin dépasse l’entendement et relève de l’absurde qu’aucun esprit rationnel ne peut comprendre. Mais que l’on comprenne ou pas, le drame est là et nous interpelle avec toute son horreur. Le fait terrifiant qu’on ne peut nier est là : deux misérables tunisiens ont foncé sur des gens qu’ils ne connaissent ni d’Eve ni d’Adam et ont fait des centaines de victimes entre morts et blessés.
Et aujourd’hui, c’est toute la Tunisie qui est pointée du doigt et couverte de honte et d’opprobre. Ce sont des milliers de Tunisiens innocents et honnêtes qui doivent maintenant faire face à de mauvais traitements et à des vexations dans les aéroports européens. Tout ça parce que deux minables se sont mis en tête que le paradis et ses houris sont accessibles au volant d’un camion-bélier…
Aujourd’hui, tout le monde dans ce pays, petits et grands, riches et pauvres, citadins et ruraux, nous sommes tous dans le pétrin. Alors que nous devons de toute urgence nous pencher sur la situation économique de plus en plus désastreuse, notre unique souci national, notre obsession collective est seulement que faire de ces milliers de terroristes défaits et battus à plate couture par les armées syrienne, irakienne et libyenne et qui tentent désespérément de rentrer au pays ?
Chacun y va de son analyse et de ses propositions. On débat avec ferveur et passion, mais le problème est d’une ampleur telle que personne n’a la solution. Ou plutôt si. Rached Ghannouchi, qui n’a rien fait, c’est le moins que l’on puisse dire, pour prévenir cette malédiction qui frappe le pays depuis 2011, nous a apporté la solution en cette fin d’année afin que nous puissions entamer la prochaine année dans la sérénité et la tranquillité.
Pour Rached Ghannouchi , les milliers de terroristes tunisiens qui pendant cinq ans ont détruit des vies et des villes dans des pays qui ne nous ont fait aucun mal, ces milliers de jeunes donc sont de simples malades qu’il s’agit d’accueillir et de traiter psychiatriquement. Puisant dans le réservoir culturel tunisien, il nous sort cet adage : « La viande si elle vient à être pourrie, ce sont les siens qui doivent la prendre en charge. »
Quand nos ancêtres avaient mis au point cet adage, ils étaient à mille lieues de penser que leurs descendants enfanteraient des criminels qui partiraient à des milliers de kilomètres de chez eux pour aller semer la mort et la destruction parmi les peuples frères. Ils doivent se retourner dans leurs tombes suite à cette utilisation frauduleuse de leur sagesse par « le sage » d’Ennahdha.
L’écrasante majorité des Tunisiens sont contre le retour de ces terroristes et ils ne le cachent pas. Beaucoup de ces terroristes sont morts au combat et personne ne les regrettera. Un nombre indéterminé croupissent dans les prisons et seront jugés par la justice des pays où ils ont commis leurs crimes abominables. Mais la plupart, hélas, arriveront d’une manière ou d’une autre à rentrer au pays. Une lourde tâche attend les autorités sécuritaires et judiciaires et, disons-le en toute franchise, l’écrasante majorité des Tunisiens ne seraient pas scandalisés si l’on prenait quelque liberté avec les règles du droit en considérant que tout revenant des zones de combat de Syrie, d’Irak et de Libye est coupable jusqu’à preuve du contraire.
Mais revenons aux déclarations du chef d’Ennahdha qui cherche désespérément une issue à ces jeunes dévoyés qu’il n’ose pas qualifier de terroristes. Il les a traités de malades que les psychiatres doivent traiter et de chair pourrie que les familles doivent prendre en charge.
En fait ces jeunes paumés devenus terroristes sanguinaires sont moins responsables que ceux qui les ont endoctrinés, fanatisés et programmés par les logiciels de l’islamo-terrorisme à la culture de la mort et de la destruction. Le jeune paumé qui, pour donner un sens à sa vie va détruire celle des innocents en Syrie n’est pas plus « malade » ni plus criminel que les imams salafistes qui pendant 2012 et 2013 appelaient au Jihad, que les cheikhs wahhabites qu’on accueillait dans les salons d’honneur de l’aéroport, que les cheikhs locaux que l’ancien président Marzouki accueillait au palais de Carthage, ni même plus malades et plus dangereux que ce « philosophe et professeur universitaire » qui « a honte de ceux qui ont honte des jeunes qui combattent en Syrie ».
Le mal est là en nous. Il infeste jusqu’à ce jour les mosquées, l’administration et même le parlement où les terroristes ont leurs défenseurs. Notre souci majeur est le retour des terroristes. C’est un réel problème. Mais le problème le plus grave est l’impunité dont continuent de bénéficier les vrais responsables de cette malédiction qui s’abat sur nous depuis six ans.
Se soucier uniquement des terroristes qui sont revenus ou qui s’apprêtent à revenir au pays, revient à se soucier des symptômes et à ignorer la maladie. Les milliers de terroristes qui ont entaché gravement la réputation de ce pays ne sont en dernière analyse que les symptômes d’un cancer qui, depuis 2011, ronge la Tunisie et dont les responsables se font passer maintenant pour des médecins.