Revenant sur le bilan 2016 et les perspectives 2017, l’économiste Ezzedine Saidane a qualifié l’année 2016 d’une année difficile pour la Tunisie, au cours de laquelle tous les indicateurs économiques et financiers se sont détériorés.
Ainsi, un de ces indicateurs économiques et financiers est celui de la dette publique (1/3 de la dette intérieure et 2/3 de la dette extérieure) qui s’est détériorée de 10 points en 2016 et de 15 points pendant les cinq dernières années, passant de 40 % du PIB en 2010 à 55% en 2015 pour se situer à 65% en 2016.
2016 a été aussi une année où la Tunisie a eu un changement de gouvernement dans des conditions relativement difficiles puisque le pays a été dans une situation d’incertitude pendant deux mois.
D’ailleurs, M. Saidane a affirmé que le chômage s’est aggravé et le taux de pauvreté a augmenté. L’économie parallèle prend aussi une ampleur sans précédent pour représenter près de 54% de l’économie organisée.
Mais, 2016 a aussi connu, selon ses propos, quelques éléments plutôt positifs, à savoir l’amélioration de la situation sécuritaire, une relative accalmie de la situation sociale, et une conférence internationale sur l’investissement Tunisia 2020 qui a relativement réussi même s’il est vrai qu’elle a également apporté plus de dettes supplémentaires que des IDE.
De ce fait, l’économiste a précisé qu’une opération de sauvetage de l’économie tunisienne et des finances est nécessaire mais est-elle possible ? La réponse est encore oui. «Il nous reste encore, peut-être, une petite fenêtre de quelques mois pour engager une véritable opération de sauvetage et assurer le retour de l’économie à ses trois fonctions essentielles, telles que la croissance, la création d’emplois et la création de richesse additionnelle».
Mais pour ce faire, il y a trois étapes à franchir. Il s’agit d’engager, dans les meilleurs délais, un débat entre toutes les parties concernées pour aboutir à un diagnostic vrai, objectif et consensuel.
Il s’agit, également, de l’élaboration à partir de ce diagnostic d’une stratégie de sauvetage de l’économie qui serait l’équivalent d’un plan d’ajustement structurel qui devrait comprendre l’ensemble des mesures cohérentes, homogènes et capables d’arrêter l’hémorragie dont souffre l’économie actuellement.
L’ultime étape, à savoir l’exécution de ce plan, qui nécessiterait entre 18 et 24 mois, devrait engager les grandes réformes. Après l’opération de sauvetage, la capacité de l’économie tunisienne à répondre aux grandes réformes va être très élevée.
Ezzedine Saidane a averti que 2017 sera une autre année difficile pour la Tunisie, notamment en termes de remboursement de la dette publique mais l’espoir demeure permis si on a la volonté et si on est disposé à payer le prix de la mauvaise gestion de l’économie tunisienne et des finances publiques depuis 2011.
Il ne faut pas oublier aussi qu’on a déjà reporté une partie des problèmes de 2017 sur 2018. Je pense à l’augmentation des salaires de la fonction publique qui devrait avoir lieu en 2017 et qui a été reportée à 2018. «Un problème reporté dans le temps n’est pas un problème résolu, mais tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Bonne et heureuse année 2017», conclut-il.