L’annonce du retour des terroristes en Tunisie inquiète aussi bien l’opinion publique que les partis politiques. La question est de savoir si la Tunisie est prête à accueillir un grand nombre de terroristes et existe-t-il encore des lacunes législatives? Que dit le volet juridique? Le Front populaire a organisé aujourd’hui une conférence de presse ayant pour thème: « L’intérêt du pays passe avant tout, face au retour des terroristes. »
Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, a déclaré que le retour des terroristes coïncide avec la stratégie géopolitique dans la région du Moyen-Orient. Il souligne: « Il y a un grand enjeu de la part de certains pays étrangers qui veulent à tout prix que des pays comme la Syrie demeurent en guerre. Mais plus encore, il y a tout un plan de division du monde arabe, sur des bases religieuses, idéologiques. Comment les terroristes ont-ils été vaincus à Alep? Qui les finance? En prévision de leur retour dans leur patrie, il faut des mesures concrètes pour contrecarrer leurs projets, car ces terroristes vont être chargés de préparer d’autres opérations terroristes, aussi bien dans leur propre pays que dans les pays voisins. »
Ce qu’a préconisé M. Hammami, lors de la conférence de presse, est de renforcer les relations diplomatiques avec la Syrie, en proposant qu’il y ait des échanges de renseignements. Il ajoute: « La Syrie a entre les mains une mine d’informations sur les terroristes. Par quels moyens sont-ils financés, entraînés, armés? Or nous devons tous nous mobiliser pour faire face à ce fléau qui menace notre pays. »
Par ailleurs, Mohamed Jmour, secrétaire général adjoint du Parti des Patriotes démocrates unifié (PPDU), a souligné l’importance de la mise en place de l’arsenal juridique, en appliquant la loi anti-terrorriste : « Notre arsenal juridique semble à même d’y faire face », assure-t-il.
Evoquant le volet des chiffres officiels annoncés à propos du nombre des terroristes qui ont rejoint Daech, M. Jmour a fait savoir que ni les départements ministériels ni même la Présidence de la République ne détiennent les vrais chiffres.
Quelle est la vision du Front populaire?
Le pays doit mieux s’équiper pour l’identification des terroristes lors de leur retour, aussi bien dans les aéroports que dans les ports, car les contrôles sont encore faibles. « Pourquoi ne pas appliquer les empreintes faciales, digitales? C’est aussi un moyen de détection. Nous n’épargnerons aucun effort pour aider ou pour récolter des informations. La vigilance est le mot d’ordre et c’est notre devoir à tous », conclut M. Jmour.
Ministre de la Justice : 160 terroristes de retour sont sous les verrous
C’est lors d’une audition aujourd’hui à l’ARP que le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, a fait savoir que 3000 Tunisiens sont partis dans les zones de tension, et que 160 parmi eux sont déjà retournés et ont été transférés dans les prisons.
Parmi les terroristes revenus et placés en détention, on compte 23 prisonniers étrangers dont un Américain, un Allemand ainsi que des Maghrébins et des Palestiniens. Hédi Majdoub, ministre de l’Intérieur, a quant à lui souligné que le nombre total des terroristes s’élève à 2929 dans les zones de conflit.
Majdoub soutient qu’ en Syrie, ils sont plus de 1400 alors qu’en Libye leur nombre s’élève à 400. Par contre, le chiffre le moins élevé c’est en Irak, on compte en effet 150 terroristes tandis qu’en Europe, 400 autres pourraient s’y trouver.