Le début de janvier est marqué par une vague de mouvements de protestation dans la ville de Meknessi, située dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Depuis la journée du mardi, des protestataires ont manifesté devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, où des arrestations de jeunes ont eu lieu et qui ont ensuite été relâchés.
« Les mouvements de colère ne datent pas d’hier, cela a pris la tournure de la désobéissance civile », nous a affirmé Mbarka Brahmi, députée du Front populaire, par téléphone.
Elle précise: « Il est vrai que les manifestants ont envahi le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, défonçant la porte principale, avant d’être délogés de force par la police. Mais la réalité est tout autre. Il y avait des milices qui ont été soudoyées pour verser de l’huile sur le feu de la protestation. Et mon message à ces milices est le suivant : » Réveillez-vous, l’ère des milices a pris fin avec le départ de Ben Ali, il n’est plus question de revenir en arrière. Pour ceux qui persistent et signent, je leur dis non au retour aux vieilles pratiques, ce temps là est révolu ».
Mme Brahmi ajoute: « A Meknessi, il n’y a pas que des jeunes parmi les chômeurs, il y a aussi des quinquagénaires, qui eux aussi galèrent comme les jeunes, n’ayant aucune source de revenus. D’ailleurs, d’où le nom de leur sit-in “Nous sommes usés” ( herimna) et malheureusement, rien ne se fait ».
Et de continuer: « Si nous ne trouvons pas de solution, à savoir la mise en place de grands projets – la reprise de la production de phosphate en premier lieu – le climat restera tendu ».
Concernant l’usage de la violence contre les manifestants par les forces de l’ordre qui dans certains cas ont provoqué de graves lésions, elle a déclaré : » Il faut que cela s’arrête. Il faut aussi que le ministre de l’Intérieur prenne ses responsabilités qu’il entende les deux versions et non se contenter d’une seule ».
Les manifestants de Meknessi sont des chômeurs dont l’âge varie entre 40 ans et 50 ans se trouvant encore aujourd’hui sans emploi. Ils expriment un désenchantement assez général où les promesses électorales ne sont encore qu’un mirage, six ans après le 14 janvier.