La physiothérapie ne manque pas de problèmes. Le nombre total des dettes de la CNAM vis à vis des physiothérapeutes s’élève à 2,7 MD. Il s’agit de frais de soins en attente de remboursement depuis une certaine période qui varie entre deux et quatre mois. Mais ce n’est pas tout !
Lors d’une conférence de presse, tenue aujourd’hui au siège de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie -(CONECT), Hajer Hafhouf, présidente du Groupement professionnel des physiothérapeutes de libre pratique de Tunisie, a tiré la sonnette d’alarme face à une réalité inquiétante pour le secteur.
CNAM vs physiothérapeutes : retard de remboursement, mère de tous les soucis
D’ailleurs, les physiothérapeutes ne sont pas les premiers à s’en plaindre. Avant eux, les pharmaciens et les médecins ont évoqué ce problème à maintes reprises et sont allés jusqu’à menacer de fermer boutique. Ainsi, d’après la présidente du Groupement, le retard de remboursement peut atteindre trois et quatre mois. Cela constitue une grave entorse à une convention déjà signée entre la CNAM et les physiothérapeutes en 2007 qui prévoit le remboursement des frais de soins dans un délai ne dépassant pas un mois. Au-delà de ce délai, la CNAM est normalement tenue d’avancer 80% du montant dû en attendant le règlement du reliquat. Les propos de la présidente du groupement contrastent avec la déclaration de Younes Ben Nejma, porte-parole de la CNAM, qui affirme que le délai du paiement n’a jamais dépassé un mois.
« Les bordereaux traînent même jusqu’à un mois dans les bureaux régionaux de la CNAM dans l’attente de la saisie pour pouvoir être transmis au siège central. « , réplique la présidente du Groupement alors que les charges mensuelles sont exorbitantes. Elle ajoute : » Le loyer des centres de physiothérapie varie entre 800 et 1200 dinars par mois, les cotisations sociales et l’augmentation des prix de l’électricité ont, entre autres, aggravé la situation pour ce corps professionnel. Nous demandons l’application de la loi et le respect de la convention », affirme-t-elle avec détermination.
De plus, ladite convention signée en 2007 n’a jamais été révisée. Normalement elle doit l’ être tous les deux ans. D’ailleurs le prix de la séance n’a pas varié soit 11,500 dinars « loin du tarif réel que nous évaluons à 20 dinars au moins. », affirme-t-elle
Entre le patient et la la prise en charge, le kinésithérapeute peine !
Le règlement exige que les séances de thérapie ne commencent qu’après la réception de la prise en charge du patient par la CNAM. Or, cette prise en charge arrive avec beaucoup de retard à tel point que le praticien est obligé de commencer les séances de thérapie en attendant l’arrivée de la prise en charge, étant donné que l’état de santé du patient ne permet pas cette attente. Pis encore : l’intervenante a fait savoir que le kiné n’a le droit de déposer le bordereau du remboursement qu’à la fin de toutes les séances. Sans parler du fait que les médecins contrôleurs de la CNAM réduisent systématiquement le nombre des séances de kinésithérapie prescrites, ce qui pourrait avoir des répercussions graves sur l’état de santé du patient, fait-elle savoir.
Quand l’ entrepreneuriat tourne au cauchemar
Alors que les kinésithérapeutes ont choisi le chemin de la libre pratique et ont dû pour cela s’endetter auprès de la BTS, voici qu’aujourd’hui la banque leur réclame le remboursement des crédits. Les kiné titulaires de crédits ont dû solliciter un rééchelonnement des remboursements.
L’Ordre des kinésithérapeutes va-t-il enfin voir le jour?
D’après l’intervenante, le ministère de la Santé a été sensibilisé à cette question pour laquelle les kinés se battent depuis des années. Actuellement, les discussions sont à un stade avancé pour concrétiser cette demande. Sur un autre volet, elle a fait savoir que le nombre des diplômés en kinésithérapie a augmenté considérablement à cause des universités privées « dont la qualité de formation n’a rien à voir avec les écoles publiques qui manquent de cadres pour enseigner et former ».