Comme chaque année, le 14 janvier, à la même heure, se donnant rendez-vous sur l’avenue Habib Bourguiba, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes pour commémorer le jour où le pays entier a décidé de prendre son destin en main. Scandant les mêmes slogans “ Emploi, liberté, dignité”, en plus d’autres comme le « gouvernement est en fête et les régions sont délaissées », les revendications n’ont pas beaucoup changé.
Rencontrée pas loin du Théâtre municipal, Marwa, une jeune diplômée en administration des affaires, spécialité logistique et transport international, nous confie ses impressions: « Rien n’a changé, bien au contraire si ce n’est que les choses ont empiré, le chômage étant toujours en hausse. Cela fait plus de trois ans que je suis au chômage et sans espoir d’obtenir un poste. Il n’y pas un jour où je ne passe trois à quatre entrevues. Avec le même résultat « nous vous contacterons ». Je peux peux vous affirmer que les jeunes de ma promo eux aussi n’ont pas trouvé un job. Aujourd’hui cela se complique de plus en plus, comment s’en sortir, je l’ignore ! » affirme-t-elle.
De son côté, Radhia Nasraoui, l’avocate et militante pour la défense des droits de l’Homme a déclaré : « Il est évident que la liberté d’expression est l’un des grands acquis de la révolution, mais il va falloir redoubler d’efforts pour éradiquer la pauvreté, qui demeure un point noir. Les Tunisiens sont déçus, mais pour aller de l’avant, il ne faudra pas baisser les bras et lutter jusqu’à ce qu’on obtienne gain de cause. Le travail ne fait que commencer, continuons ensemble ».
Par ailleurs, Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, fait le même constat :la mobilisation doit continuer. Il précise: « Ce qui est tout de même un point positif, six ans après, les Tunisiens s’expriment librement. »
Et d’ajouter: « la révolution est un long processus qui ne se fait pas en un claquement de doigts. Cela exige de la patience et du militantisme. Gardons espoir. »
Alors que pour d’autres citoyens comme Aziza, le bilan est négatif sur le plan économique, tout en affirmant que rien ne va. Elle reconnaît toutefois que les jeunes doivent redoubler d’efforts et se mettre au travail. « Soyons unis pour que la Tunisie reste debout, et que Dieu protège notre patrie ».
En dépit de la situation économique qui est alarmante, nombreux sont les Tunisiens à garder espoir que demain sera un autre jour, c’est ce qu’ a annoncé Abdelaziz Mahjoub, un quadragénaire.
Il confie: « Sans aucun doute le seul acquis est la liberté d’expression. Sous Ben Ali, les gens ne pouvaient pas s’exprimer librement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Mais en ce jour, ce qui m’a peiné, on aurait dû voir notre drapeau tunisien, et non ceux des partis politiques. On dirait malheureusement que j’assiste à un mariage électoral entre Ennahdha, Nidaa Tounes et le Front populaire. Aujourd’hui, si nous nous unissons main dans la main, la pauvreté ne sera plus qu’un mauvais souvenir et ensemble nous pouvons aller de l’avant ».
Il conclut : « Mon message adressé aux partis politiques est d’arrêter leurs tiraillements, et penser à l’intérêt du pays avant toute chose ».