D’abord peu pris au sérieux, Donald Trump a mis en échec tous ses adversaires dans la course aux primaires républicaines. Il a remporté le scrutin présidentiel, le 8 novembre 2016. Investi le vendredi 20 janvier, le nouveau président a été l’objet d’une levée de boucliers. On lui reproche son style, outrancier et sexiste, qui divise son propre parti.
Le mouvement est parti des réseaux sociaux. L’idée de la marche des femmes a été lancée sur Facebook, le 14 janvier, par Teresa Shook, une avocate à la retraite. En à peine 6 jours, plus de 250 000 personnes se sont inscrites pour participer à l’événement. L’objectif de cette marche est de défendre les droits des femmes mais aussi de protester contre l’attitude du nouveau président à leur égard. La foule a répondu présente à l’appel de la « Marche des Femmes ».
Plusieurs centaines de milliers de femmes ont convergé vers le centre de Washington D.C, dans une gigantesque « Marche des femmes », samedi 21 janvier, en réaction à l’investiture de Donald Trump. Les organisateurs ont relevé leur estimation de participation de 200.000 à 500.000 personnes, selon le maire adjoint de Washington, Kevin Donahue. Plusieurs autres manifestations avaient également lieu à Boston, New York, Denver, ou Los Angeles. A Chicago, la marche s’est transformée en rassemblement compte tenu de l’affluence et réunissait quelque 250.000 personnes, selon les organisateurs.
En écho à la « Marche des femmes », des milliers de personnes se sont rassemblées dans les grandes villes des Etats-Unis, d’Australie et d’Europe et notamment à Paris, samedi 21 janvier. « Jamais un président américain n’aura suscité un mouvement de contestation d’une telle ampleur », selon le journaliste Jade Toussay.
Les manifestants y dénonçaient, outre les propos de Donald Trump contre les femmes, son intolérance face aux minorités. Plusieurs célébrités, comme le cinéaste Michael Moore, l’actrice Scarlett Johansson ou la militante des droits civiques Angela Davis, ont participé à la marche.
L’auteur du best-seller « Mange, prie, aime », Elizabeth Gilbert, était également présente. La chanteuse Madonna y a fait une apparition surprise, appelant à la « révolution de l’amour ». Michael Moore et l’actrice Ashley Judd se sont adressés au public, pour soutenir la contestation. Pour le réalisateur Michael Moore, « la majorité des Américains ne voulaient pas de Donald J. Trump à la Maison-Blanche, et nous sommes ici aujourd’hui comme leurs représentants ». Il a appelé les citoyens américains à faire pression sur leurs représentants, pendant les quatre ans à venir, et à rénover le Parti démocrate.
Il faut cependant relativiser l’impact de cette contestation. Le populisme de Donald Trump n’est pas un cas d’espèce. C’est l’air du temps, dans le monde. Il exprime l’opposition à l’élite, préconise « l’isolationnisme », la fermeture des frontières et la culpabilisation des migrants. Or, le statut de la puissance américaine implique nécessairement l’ouverture, le dialogue avec le monde et l’engagement. Le président américain gouverne, avec l’appui de l’Establishment. La visite, le lendemain de son investiture, que le Président a rendue à la CIA, qu’il a critiquée lors de sa campagne, atteste un retour aux normes.
Transgressant le discours de campagne, Donald Trump dissipera volontiers ce décalage conjoncturel entre le pouvoir présidentiel, le congrès et l’élite. Tenant compte de l’épreuve de la gestion des affaires, dans la praxis politique, les acteurs font plutôt valoir les compromis, les arrangements et les accords.