Tout le monde sait aujourd’hui que si le chômage a pris des proportions alarmantes c’est entre autres dû au contingent impressionnant de diplômés du supérieur primo-demandeurs d’emploi.
Rencontré à l’issue de son audition à l’ARP, Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a mis l’accent sur les réformes ainsi que sur la stratégie à adopter en vue d’ améliorer l’employabilité des jeunes diplômés.
D’après lui, la solution est avant tout en amont, à savoir que le cursus universitaire doit changer afin qu’il épouse son temps et s’adapte aux besoins du marché de l’emploi. C’est pourquoi, il est grand temps que des réformes ciblées soient mises en oeuvre afin que l’université crée des débouchés concrets pour ses promus et non pas des diplômés condamnés au chômage parce qu’inadaptés aux profils recherchés par le marché de l’emploi.
Il précise: « Or pour quelqu’un qui ne sait pas communiquer, qui ne sait pas analyser ou réfléchir, ça ne peut pas se faire en un jour. C’est quelques chose qu’on acquiert petit à petit tout au long du cursus universitaire. Et donc c’est la façon d’enseigner qui doit être revue avec l’intégration de nouvelles méthodes d’enseignement, de soft skills d’un citoyen et non d’un diplômé. Il faut que l’étudiant soit préparé à la vie active avant d’être recruté. C’est notre challenge dans le cas des réformes ».
Interrogé sur les délais d’y parvenir le plus tôt possible, il a répondu: » Je pense que c’est tout à fait possible. Je vous dis pourquoi ? Parce qu’il y a un paradoxe aujourd’hui : il existe un nombre impressionnant de postes à pourvoir mais par contre, les bons profils ne sont pas légion parmi les 240.ooo diplômés chômeurs. Mais ce paradoxe, c’est aussi un espoir, cela veut dire que le potentiel de recrutement des entreprises existe. Il faut donc un effort d’adéquation du cursus universitaire enseigné pour satisfaire les compétences recherchées par le marché de l’emploi.”
Et d’ajouter : : » Nous pouvons améliorer l’employabilité des étudiants actuels. En revanche, ce qui ne peut pas se faire à court terme, c’est d’enrayer le chômage structurel car nous avons un taux de croissance très faible qui représente 30. 000 à 35 000 créations de postes d’emploi. Or l’université aujourd’hui produit 70.000 diplômés l’an. Autrement dit, structurellement ça va s’aggraver sauf si on relance la croissance et la reprise économique ».
Sur le volet de la radicalisation des jeunes Tunisiens, il a estimé: » Nous avons entamé plusieurs recherches dans le domaine des sciences humaines et sociales qui expliquent les sources réelles de l’extrémisme et la radicalisation. D’ailleurs, nous allons présenter prochainement un rapport portant sur des diagnostics réels. J’ajouterais dans ce contexte que la recherche scientifique ne sert pas seulement pour des aspects purement techniques mais elle sert aussi à comprendre et à améliorer notre vie sociétale ».
Par ailleurs, à propos de l’accréditation de nouvelles universités, il a annoncé que ce sont des projets en cours. A titre d’exemple, la création d’une Ecole d’ingénieurs exige des financements considérables, a-t-il affirmé.
Il a également annoncé qu’un congrès réunira des universitaires de tous bords et des étudiants et qui aura lieu les 30 juin et 1er juillet de l’année en cours.