La première édition de la Nuit des idées a été tenue hier jeudi 26 janvier à Tunis, plus précisément à l’Institut culturel français qui a organisé l’événement en collaboration avec l’Ambassade de France en Tunisie et plusieurs partenaires comme le journal le Monde, France Culture. Cette intéressante manifestation s’est étalée de 18 heures jusqu’à minuit.
Belle initiative que cet événement qui incite à penser ensemble, à échanger des idées, à débattre sur des sujets d’actualité pour mieux comprendre le monde d’aujourd’hui. Rien de tel que d’avoir à portée de main (ou d’oreille) des journalistes chevronnés français, tunisiens, des politistes, des historiens, des universitaires pour orienter le kaleïdoscope des idées qui fusaient de l’auditoire. Cette agréable manifestation a réuni ni plus ni moins 4000 visiteurs jeunes, moins jeunes qui ont arpenté les allées entre l’auditorium, la médiathèque, la grande cour, le bistrot et l’exposition des artistes. Un pari réussi.
Entre autres thèmes débattus, celui de l’Islam politique et précisément sous l’intitulé : »Faut-il en avoir peur ? » François Bourgat, politiste français, Directeur de recherches au CNRS, spécialiste du monde arabe contemporain, ancien directeur du Centre français d’archéologie et des sciences sociales au Yémen ( 1997 -2003), a souligné que le basculement inévitable des sociétés arabo-musulmanes dans l’Islam politique et son corollaire le radicalisme arrive en écho à la période coloniale. Il précise: » Les islamistes d’aujourd’hui emploient des recettes » home made », même si c’est idéologique. Pour moi, ce n’est pas quelques chose de pathologique ou d’anormal, mais c’est un moment de l’Histoire ».
L’ islam politique doit-il obligatoirement engendrer l’extrémisme? Sur cette interrogation, M. Bourgat soutient : “ L’extrémisme sera toujours le produit d’un blocage de fonctionnement des institutions. Si les grandes composantes de la société sont capables de défendre leurs intérêts légalement et pacifiquement, il n’y aura pas d’extrémisme. »
Quelle solution face à l’islam politique?
» Ce mot masque la réalité. Il vaut mieux l’éviter. Ce n’est qu’un vocabulaire pour mobiliser en politique. » , a-t-il répliqué. En ajoutant : » L’origine de cette radicalisation sous couvert de l’Islam est le conflit israélo-palestinien. Les Occidentaux, en mal de solution à ce drame, pour ménager leurs alliances se barricadent derrière le langage des valeurs. Ils ne sont pas crédibles parce que dès que cela pose problème, ils ne respecteront pas les valeurs qu’ils prônent ».
Croyez-vous à une solution pacifique?
Il conclut: « J’ai peur que non parce que l’arrivée de Trump au pouvoir radicalise encore plus le camp israélien pour l’instant on n’est pas dans cette direction. Bien sûr, sur le papier il est possible mais l’évolution récente ne permet pas d’être optimiste ».