L’activité des établissements de micro-finance a enregistré des performances appréciables durant les six dernières années. Non des moindres, l’ancrage du concept de la finance inclusive dédiée aux régions reculées laissées-pour-compte depuis trop longtemps. C’est ainsi qu’un premier forum régional sur la micro-finance et l’économie solidaire a été tenu les 27 et 28 janvier qui a salué la multiplication des établissements de micr-crédits à travers les régions.
Rencontrée au stand d’Enda tamwel, Khaoula Oueslati, une jeune entrepreneure, nous raconte ses débuts: « J’avais un projet en tête, je suis allée voir Enda et six mois après j’ai pu ouvrir mon propre cabinet de consulting de ressources humaines et de formation professionnelle. On m’a accordé un crédit de 7 mille dinars. Et ça marche. Mon objectif est d’atteindre le marché local et pourquoi m’internationaliser ».
Fathia Gablaoui, une artisane de Gabès, 52 ans, couturière de son état, mère de 4 enfants, nous confie: » C’est le bouche à oreille qui m’a fait connaître Enda. Cela fait 16 ans que je suis avec eux. Au début, on m’a accordé un prêt de 200 dinars avec lequel j’ai développé mon propre business. Avec les expositions, je gagne très bien ma vie. Ce que je souhaite aujourd’hui, c’est de voir les jeunes réussir aussi »
Par ailleurs, Essma Ben Hamida, CEO Enda tamweel, souligne que le secteur de la micro-finance s’est développé il y a 27 ans. Enda était la première association de micro-finance à essaimer et à proposer une large gamme de produits financiers. » Aujourd’hui, le ministère des Finances et la Banque centrale ont mis en place un cadre législatif, ce qui est un grand pas en avant », indique-t-elle, tout en poursuivant: » Même si c’est une bonne loi, elle ne nous autorise qu’à accorder des micro-crédits alors que nous aspirons à évoluer « .
Interrogée sur la participation des jeunes, elle regrette que l’intérêt pour les jeunes se soit développé tout juste après la révolution, « ce qui est une erreur, on aurait dû s’intéresser plutôt », rétorque-t-elle.
Et de poursuivre: » On a découvert que les jeunes Tunisiens sont des entrepreneurs dans leur tête . A hay Ettahrir, nous avons un incubateur au centre « El Kahina »où on invite les jeunes à venir. Je pense que les jeunes d’aujourd’hui ont besoin de voir des success stories. En somme, ils veulent aussi un Martin Luther King « I have a dream » un rêve tunisien. « .
Elle ajoute: » Il suffit aussi qu’ils aient ce déclic quelque part, probablement à travers des rencontres. Du fait, je lance un appel aux retraités, aux mentors, qui veulent bien aider les jeunes à s’intégrer. D’ailleurs, nous avons entamé un nouveau programme intitulé « Aflaroun »avec une ONG hollandaise qui comprend un programme d’éducation citoyenne , entrepreneuriale, qui apprend dès l’enfance à mieux gérer les ressources, à faire de l’épargne ».
Quant à la ministre des Finances, Lamia Zribi, elle a souligné qu’il s’agit d’une belle initiative. Comme elle a fait le constat que les jeunes d’aujourd’hui aspirent à intégrer la fonction publique « or ce n’est plus possible de le faire car le diplômé doit apprendre à se prendre en main. Il suffit qu’il y ait une culture d’autonomie et non plus celle de l’assistanat. Mais pour réussir, il ne suffit pas de se focaliser sur le financement uniquement, mais c’est un tout business plan qui doit se faire de A jusqu’à Z », conclut-elle.
Notons qu’à la fin de 2016, Enda comptait 300 000 micro-entrepreneurs dans l’ensemble du territoire tunisien. Au cours de l’année, elle a octroyé 540 millions de dinars en micro-crédits.