Après la campagne de diffamation à l’encontre de l’Institut Pasteur de Tunis, c’est au tour de l’hôpital public ainsi que les soignants qui y travaillent d’être diabolisés, témoignant d’un acharnement sans précédent qui vise l’ensemble de la profession médicale.
Lorsque l’on s’intéresse de près à cette affaire dans laquelle une jeune résidente en formation à l’hôpital Farhat Hached (Sousse) a été accusée d’homicide la première question que l’on est amené à se poser est la suivante : comment peut-on prétendre qu’un médecin puisse placer un nouveau-né à la morgue en ayant un doute même infime qu’il soit encore vivant ?
Certains médias ont en effet prétendu qu’une jeune résidente en formation à l’hôpital Farhat Hached avait placé un nouveau-né à la morgue, qui par la suite a été retrouvé vivant près de 16 heures après ! L’information relayée et malheureusement crue par un bon nombre de lecteurs et de téléspectateurs sous-entend-elle que le nouveau-né a été intentionnellement envoyé à la morgue alors qu’il restait un espoir de le sauver ?
Pourtant des détails d’une importance cruciale ont été « omis ». Le nouveau-né très grand prématuré, est né par césarienne dans un contexte d’extrême urgence , son état étant critique et ayant nécessité une réanimation qui a duré 20 minutes sans résultat. La déclaration de décès faite par la suite , le nouveau-né n’a d’ailleurs jamais quitté la salle d’accouchement.
Loin d’être une blague de mauvais goût, cette affaire grotesque qui n’a ni queue ni tête, a pourtant abouti à une incarcération abusive d’une jeune médecin , basée sur de fausses allégations. Une grossière intox a suffi pour que tous les médecins quel que soit leur degré de formation soient pointés du doigt et traités de criminels.
Selon une déclaration de la Société Tunisienne de Pédiatrie « la jeune résidente qui a accompli sa mission dans le respect des consensus internationaux qui recommandent de stopper la réanimation au bout de 20 minutes n’ayant pas récupéré des constantes vitales correctes.
Le bébé peut continuer à avoir une activité de quelques battements de cœur du fait de l’utilisation de l’adrénaline lors de la réanimation. La procédure ultérieure de déclaration et de conservation du corps comporte certes une défaillance administrative qui touche à la dignité du corps du cadavre mais n’est en aucun cas du ressort de la résidente en formation ».
Le Ministère de la Santé a d’ailleurs confirmé que la procédure a été bien suivie par le jeune médecin, et qu’il n’y a pas eu d’erreur médicale. Reste à expliquer à cette jeune femme qui d’ailleurs est encore derrière les barreaux pour quelle raison elle a été traitée de la même manière que l’on traite un criminel , et pour quelle raison elle a dû subir un tel lynchage médiatique.