Une certaine presse française n’a pas consacré d’articles particuliers et de gros titres pour dire que la Tunisie est une des premières victimes des actes criminels perpétrés par des illuminés d’un autre âge.
Un Tunisien de plus est tombé, le 29 janvier 2017, victime du terrorisme. Boubaker Thabti a été assassiné froidement dans un attentat dans une mosquée au Québec où il est allé vivre depuis une dizaine d’années.
On ne compte en effet plus le nombre de Tunisiens morts ou blessés au cours d’attentats criminels perpétrés par des illuminés d’un autre âge.
La Tunisie paye – faut-il le préciser – de plus en plus, et en la matière, un lourd tribut. Pas plus tard que le 31 décembre 2016, un couple de Tunisiens, Mohamed Ali et Senda Azzabi ont été froidement tués à Istanbul, capitale de la Turquie.
Une hécatombe lorsqu’on se souvient des cinq tunisiens victimes des attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015 en France : le brigadier Mohamed Merabet, qui pourchassait les tueurs, la psychanalyste Elsa Cayat, Yoav Hattab, l’étudiant originaire de Djerba, et Halima et Houda Sâadi.
Pour tous ces derniers une certaine presse française n’a pas consacré d’articles particuliers et de gros titres pour dire que la Tunisie est une victime du terrorisme. Elle qui ne sait que parler de « vivier du terrorisme ».
Les Tunisiens ne sont pas autant que d’autres nationalités, impliqués
Force est de constater que ce que raconte la presse concernant notre pays n’est pas toujours vrai. Loin s’en faut ! Il suffit d’examiner la liste des attentats terroristes dits islamiques survenus, par exemple, en 2015 et en 2016 pour s’assurer que les Tunisiens ne sont pas autant que d’autres nationalités, impliqués.
Un simple examen des listes publiées par de nombreux médias et disponible sur internet contredisent cette lecture de « vivier du terrorisme » (voir notamment le lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d’attaques_terroristes_islamistes).
L’attentat du 8 janvier 2015 (le massacre de Baga au Nigéria : 200 personnes), celui du 20 mars 2015 (les attaques des mosquées de Badr et d’Al-Hashahush au Yémen : 142 morts), l’attentat du 2 avril 2015 (la tuerie de l’université de Grissa au Kenya : 152 victimes) ou encore celui du 10 octobre 2015 (attentat de la gare d’Ankara : 102 morts) n’ont pas été perpétrés par des Tunisiens.
16 000, 18 000 ou 50 000 terroristes ?
Egalement à propos des attentats de l’année 2016 : le 15 janvier 2016 à Ouagadougou, au Burkina Faso (30 morts), le 25 janvier 2016 à Bodo, au Cameroun (29 morts), le 9 février 2016 à Dikwa, au Nigéria (58 personnes), le 19 avril 2016 à Kaboul, en Afghanistan (64 morts), le 12 juin 2016 à Orlando, Etats Unis d’Amérique (49 morts), le 21 août 2016 à Gaziantep, en Turquie (51 morts), …
Evidement des terroristes tunisiens existent. Personne ne peut le nier. Et dire le contraire c’est travestir la réalité. Mais en faire la seule marque de fabrique du terrorisme mondial c’est aller sans doute vite en besogne.
Il en est de même concernant le nombre de terroristes tunisiens. On les estime jusqu’à 5000 voir plus. Et on les classe souvent en tête des bataillons qui forment Daech !
Il est à se demander d’où les sources qui avancent ces chiffres les tiennent-ils ? Le fait que les indications fournies soient souvent contradictoires auraient dû attirer leur attention et les conduire à les présenter avec beaucoup de précautions.
A ce juste propos, alors que la presse française estimait en 2014 le nombre des djihadistes à 18 000, des journaux américains évoquaient, pour leur part, 16 000 miliciens les médias syrien et irakien faisaient état de 50 000 terroristes.
Des terroristes d’ « origine tunisienne »
Outre l’opacité du terrorisme, les « bataillons » de cette organisation terroriste sont en mutation constante : chaque jour il y a des terroristes qui arrivent, il y a des terroristes qui fuient, il y a des terroristes qui meurent,… Qui est-ce qui tient cette comptabilité ?
Même si on avance que certains chiffres sont – on tente de le faire croire- établis par des services de renseignement qui ont infiltré Daech ! Des balivernes.
Sans oublier que les terroristes présentés ne sont quelquefois que « d’origine tunisienne ». C’est-à-dire des Européens dont le père est Tunisien. Ou qu’ils ont été recrutés et embrigadés sur le sol de leur pays d’accueil. C’est le cas de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et d’Anis Amri, les auteurs de l’attentat de Nice (14 juillet 2016) et de Berlin (19 décembre 2016).