Dans cet entretien, Slim Feriani, un financier de haut niveau, a été récemment désigné PDG de la BFPME. Il a été aussi désigné ambassadeur de la conférence Tunisia 2020 qui s’est déroulée fin novembre à Tunis. M. Feriani a accordé fin novembre une interview publiée dans notre magazine (n°695) octobre 2016. Extraits…
L’Economiste Maghrébin : Quel est votre parcours ?
Slim Feriani : Je suis installé à Londres et cela fait une vingtaine d’années que j’opère dans le monde de la finance et de l’investissement…Je fais de mon mieux pour donner une image positive et réaliste de la Tunisie. Il y va de notre crédibilité. J’ai représenté la Tunisie sur les supports audiovisuels à CNN ou autres pour promouvoir le site Tunisie. Je suis connu en tant que Tunisien à la City depuis une vingtaine d’années. Je parle de la Tunisie à toutes les occasions. Ces dernières années, l’investissent était limité, car le contexte n’était pas propice. Même l’investissement local a connu un certain tassement. Les capitaines de l’industrie étaient réticents. Il faut donc rétablir la confiance.
Vous évoquiez les fondamentaux économiques. Ces derniers sont en recul. Est-ce un pari difficile ?
Les fondamentaux se sont détériorés, comme je l’ai déjà dit, mais ce qui est important, c’est l’avenir. Et je suis optimiste. La croissance économique devra grimper au palier de 5% par an d’ici 3 ans, grâce aux gains au niveau de la productivité et à la formalisation du secteur informel. Ce dernier représente aujourd’hui 50% du PIB. Si l’on ramène 10% seulement de ce secteur vers le formel, l’impact sur le PIB sera important.
Pensez-vous qu’il faut stabiliser le dinar ?
Les investisseurs internationaux préfèrent une devise libre convertible en fonction du marché. C’est un atout supplémentaire pour la promotion de tout site. En Tunisie, nous ne sommes pas encore prêts pour franchir cette étape. Mais il faut le faire. C’est une condition nécessaire. Les monnaies des pays émergents importants sont en général libres, à quelques exceptions près.
In fine, toutes ces conditions suscitées sont requises pour drainer une nouvelle vague d’investissement…
La Tunisie a cet avantage de taille, celui d’être une « turnaround story » sur un horizon de 3 à 4 ans. Ses perspectives de développement sont intéressantes.
Ces arguments sont-ils suffisants pour redorer le blason de la destination ?
Je travaille sur l’investissement en Bourse et sur la Private Equity pour la Tunisie. Je fais partie du Conseil d’administration d’une entreprise spécialisée en énergie renouvelable. Je souhaiterais convaincre les responsables de considérer la Tunisie dans leur stratégie d’investissement. Chacun fait de son mieux pour attirer les investisseurs vers son pays. J’insiste sur le fait que la Tunisie est une Turn around story, et donc une destination très intéressante pour les investisseurs étrangers qui veulent anticiper et être là avant les autres. Ceux qui ne veulent pas rater le coche.
La Tunisie a aussi ce côté soft qui attire les fonds souverains. Ce type d’investisseurs est très important. Certains fonds souverains seraient prêts à investir en Tunisie. L’investisseur a comme objectif la réalisation de bénéfices d’un côté, et d’une croissance soutenable à long terme de l’autre. Chose qui a un impact positif sur le volet social, sur l’environnement et sur la gouvernance. Il y va de la pérennité de cet investissement sur des décennies. La rentabilité à n’importe quel prix n’est pas pérenne. Cette doctrine est bel et bien révolue.
Mot de la fin …
Je suis fier d’être tunisien. J’ai un pied en Tunisie. Il m’est facile de mettre l’autre pour l’intérêt de la Tunisie. Et je ne serai ni le premier, ni le dernier. Je fais partie de certains Conseils d’administration, c’est ma façon d’être impliqué dans la stratégie des fleurons de l’industrie tunisienne, tels le groupe Bayahi, Ben Yedder, Doghri,…
Des groupes avec lesquels j’entretiens une relation de confiance et de respect mutuel. Cela me fait honneur d’être sollicité et c’est avec un grand plaisir que j’y réponds. Je suis un pur produit de l’université tunisienne. L’ISG Tunis m’a assuré un excellent niveau, ce qui m’a permis d’étudier aux USA, où j’ai obtenu brillamment le MBA et le PHD.