L’ancien président provisoire continue de faire parler de lui parce qu’il s’obstine à rater les occasions de se taire. Dans sa dernière ‘’sortie’’ sur la chaîne qatarie ‘’Al Jazeera’’, il a franchi le Rubicon.
Cette chaîne est si peu regardée aujourd’hui en Tunisie que si la rencontre avec Marzouki n’avait pas été relayée par les réseaux sociaux, elle serait passée totalement inaperçue et nous aurions fait l’économie d’une nième polémique provoquée par les déclarations irresponsables et les attitudes pathologiques de cet ancien président provisoire arrivé au Palais de Carthage non pas par les urnes, mais par un concours malheureux de circonstances.
A croire les divagations de l’ancien président provisoire sur ‘’Al Jazeera’’, les 15 ans qu’il a passés en France ont été suffisants pour qu’il soit coulé dans le moule français et qu’il se démarque du ‘’ favoritisme, la corruption, le travail mal exécuté, le mensonge, et l’hypocrisie’’ qui, selon lui, caractérisent le peuple tunisien.
Qu’un ancien président accepte de passer sur une chaîne chargée d’une mission destructrice dans le monde arabe, d’une chaîne qui a joué et continue de jouer un rôle dans la propagation du terrorisme en Tunisie, est déjà un problème en soi. Que cet ancien président s’en prenne sur cette même chaîne à tout un peuple qu’il qualifie de ‘’menteur, de corrompu et d’hypocrite’’, cela dépasse l’entendement.
En fait, 25 ans d’opposition nerveuse, qui frise parfois l’hystérie, au régime de Ben Ali, 3 ans d’exercice du pouvoir sous influence et trois ans de traversée du désert ont fait de Marzouki un être frustré, aigri et déprimé. Et ce n’est guère étonnant au vu des calvaires et des cauchemars vécus par Marzouki tant sous la dictature de Ben Ali que sous celle d’Ennahdha.
Dans sa rencontre avec « Al Jazeera », Marzouki a lamentablement échoué à dominer sa frustration, son aigreur et sa déprime et à se montrer sinon comme l’homme d’Etat contesté et contestable, du moins comme un ancien haut responsable soumis à l’obligation de réserve.
Pourquoi l’ancien président provisoire en veut-il tant au peuple tunisien ?
Peut-être dans son for intérieur il accuse ce peuple d’ingratitude. Car, dans l’état psychique fortement perturbé où il se trouve, l’ancien président provisoire n’est pas loin de penser que sans lui, le peuple tunisien ploierait encore sous la dictature.
Et donc au lieu d’être reconnaissant et de l’élire à la magistrature suprême en 2014, ce peuple lui a préféré non seulement un homme de 90 ans, mais un homme intimement lié à toutes les pages de l’histoire de l’ancien régime qu’abhorre Marzouki.
La vérité est que Marzouki n’a contribué ni de près ni de loin à la chute de la dictature. Ses discours hystériques où l’insulte et la médisance faisaient office d’analyse et de programme politique étaient plus dommageables pour lui que pour le dictateur qu’il pourfendait à longueur d’années.
La vérité est que Marzouki, dans les élections de la Constituante du 23 octobre 2011, n’a pas eu plus de 7000 voix. Et malgré cette impopularité, il a réussi à se faire élire sur l’une des listes présentées par son parti.
La vérité est que ce n’est pas le peuple tunisien qui lui a ouvert les portes du Palais de Carthage, mais c’est Rached Ghannouchi qui l’a désigné « Président de la République ».
La vérité est que pendant les trois ans passés à la tête de l’Etat, Marzouki n’a été rien d’autre que l’homme-lige d’Ennahdha. Il lui était absolument interdit de dire quoi que ce soit ou de prendre une quelconque initiative sans l’autorisation préalable de son patron, Rached Ghannouchi.
La vérité est que pendant les trois ans passés au poste de président provisoire, Marzouki n’a rien fait d’autre que contribuer activement à détruire la réputation du pays et ternir l’image de l’Etat qu’il était censé servir et protéger.
Il suffit de se rappeler le sourire affligeant qu’arborait Marzouki lorsque l’émir du Qatar, Hamad Al Thani, s’adressant aux Tunisiens à travers les caméras de télévision, tenait ces propos humiliants : « Regardez, je suis en train d’apprendre à votre président comment se tenir debout et comment saluer. »
Les tares dont l’ancien président a cru devoir accabler le peuple tunisien sont des caractères négatifs propres à des individus qu’on trouve dans les quatre coins du monde.
On peut traiter des individus de corrompus, de menteurs ou d’hypocrites, mais pas tout un peuple. Pour appliquer toutes ces tares à tout un peuple, il faut être …à ce point aigri et peu responsable. Et Marzouki l’est vraiment. Toutefois, on peut faire des reproches à tout un peuple.
Et le reproche qu’on peut faire au peuple tunisien, c’est d’avoir été si patient au point d’accepter qu’il ait occupé pendant trois longues années le Palais de Carthage.
L’ancien président provisoire continue sa traversée du désert. Son aigreur, sa déprime et son ingratitude le condamnent à une interminable errance dans le désert.