La dette publique a atteint des sommets historiques durant les six dernières années. Doit-on s’inquiéter ?
Un nouveau record : l’endettement extérieur continue de progresser au fil des années pour s’établir à 71.4% du PIB en 2017. Par rapport à fin 2015, la dette publique représente environ 54% contre 40.7 %
C’est encore et toujours un peu plus inquiétant, alors que la Tunisie n’a pas affiché une seule année budgétaire positive depuis six ans.
Abderraouf El May, député du bloc Machrou3 Tounes, a souligné : « Nous ne pouvons pas dire que nous sommes en période d’austérité aujourd’hui, et pourtant l’endettement du pays persiste ».
M. El May a relevé que sur le marché financier européen, nous n’avons pas pu lever 1 milliard d’euros, nous n’avons relevé que 850 millions d’euros à des conditions acceptables, mais il semble difficile de remonter la pente sur le long terme.
Quelles sont les craintes pour les générations futures ? A cette question il a répondu : “Il s’agit d’une arme à double tranchant. D’un côté nous ne pouvons pas nous passer de l’endettement, mais de l’autre nous sommes en train d’hypothéquer l’avenir des générations futures. La seule issue : l’incitation aux investissements pour une meilleure croissance « .
Et d’indiquer: « Malheureusement, ces emprunts ne sont pas investis dans des projets créateurs de richesse et de valeur ajoutée pour le pays. Nous continuons à investir 60% de ces emprunts pour le financement des dépenses publiques. Il faut que nous arrivions à un équilibre mais surtout à investir ».
De son côté, Mongi Rahoui, président de la commission des finances à l’ARP, n’a pas manqué d’abonder dans le même sens en soulignant que ces emprunts sont les richesses que nous aurions dû créer.
Il ajoute : » Les générations futures vont devoir rembourser la dette que nous contractons aujourd’hui. Or plus on s’endette, plus les générations futures paieront le prix. Lorsqu’on s’engage dans une spirale de dettes sans fin – qui sont en grande partie dépensées pour équilibrer le budget de l’Etat – nous considérons que les risques sont énormes . Entre les risques d’inflation, un endettement démesuré, les risques de cet endettement ont un effet nocif et sont créatrices d’appauvrissement au lieu de richesses ».
Par ailleurs, Hédi Ben Brahem, premier vice-rapporteur de la Commission des finances, député du mouvement Ennahdha, a déclaré que l’endettement a déjà atteint un seuil critique : » Entre 2012-2013, nous avons eu un taux de croissance de 3.5% puis avec le gouvernement Mehdi Jomaa 2.3% puis celui de Habib Essid 1.3%. La croissance a suivi une tendance baissière. Il va sans dire que lorsque la croissance s’affaiblit, parallèlement l’endettement augmente ».
Selon lui, il va falloir penser aux solutions. Il y en a une, revenir à la valeur travail : « Nous devons tous oeuvrer à ce que l’économie se redresse tout comme nous avons réussi la transition politique, nous nous devons de réussir la transition économique ».