La médiation des pays du voisinage fut l’initiative de notre Président de la République, Béji Caïd Essebsi. Elle avait pour objet d’engager la Tunisie, l’Algérie et l’Egypte, les trois pays frontaliers, en vue de réaliser un accord entre les protagonistes libyens.
Pour la mettre en œuvre, le Président tunisien avait contacté ses pairs, les présidents Abdelaziz Bouteflika et Abdel Fattah al-Sissi et obtenu leur accord. Depuis lors, les acteurs auraient agi, semble-t-il, en ordre dispersé, dénaturant le processus, en faisant valoir des positions unilatérales, partisanes.
Les rencontres du Président d’Ennahdha, à Ankara, avec Faez Essaraj et Abdel Hakim Belhaj, le 8 février 2017 et avec le Premier ministre turc et le Président Erdogan, auraient pour objectif d’inciter Fajr al-Islam à limiter ses exigences (al-Arab, 10 février).S’inscrirait-elle dans une recherche de solution, à la tunisienne, faisant valoir le dialogue ?
Or, il aurait fallu respecter la lettre et l’esprit de l’initiative du président tunisien. Renversement de la donne, les entretiens du Caire (13-14 février), entre les protagonistes libyens, ont éclipsé la médiation islamique d’Ankara (8-9 février). La rencontre entre le maréchal Haftar et Faez Essaraj n’a pu avoir lieu. Mais une plateforme d’accord a pu être identifiée, par l’entremise du chef d’Etat-major égyptien.
La rencontre des ministres des Affaires étrangères de Tunisie, d’Algérie et d’Egypte (Tunis 19- 20 février 2017) a rétabli les normes, en faisant valoir les enjeux communs. Elle fut précédée par une clarification des positions, par l’auteur de l’initiative.
Le Président tunisien prit ses distances de la « diplomatie parallèle », sans la condamner et rejeta l’idée d’une « solution tunisienne », en affirmant que « chaque pays a ses propres mesures » (interview à la chaîne Nessma et aux radios partenaires, dimanche 19 février 2017). De ce point de vue, il mit fin aux velléités de mécanismes bipolaires tunisiens. Il expliqua, par ailleurs, qu’il a voulu faire valoir la ceinture régionale, sur les interventions extérieures.
La réunion des ministres des Affaires étrangères atteste que le gouvernement tunisien a fait valoir l’accord nécessaire des Etats du voisinage. Un rapport de chaque pays portant sur les efforts qu’il a entrepris, pour résoudre la crise en Libye, ont été exposés au cours de cette rencontre.
La «Déclaration de Tunis», signée par les trois pays du voisinage, au palais de Carthage, sous la présidence du Chef de l’Etat tunisien, fait valoir la solution politique d’un accord entre les protagonistes, sans exclusion et rejette tout risque d’internationalisation du différend.
Elle réaffirme le soutien de l’accord de Skhirat, tout en admettant la révision éventuelle de l’article 8, relatif à l’organisation militaire. Dans le cadre de l’initiative tunisienne, et comme cela a été annoncé par le président Caïd Essebsi, une visite du maréchal Khelifa Haftar est prévue dans un avenir proche.
La médiation, qui sera finalisée, par le prochain sommet d’Alger, pourrait-elle assurer l’accord, ou du moins le compromis entre les antagonistes ? Pourrait- elle esquisser une sortie de crise, en dépit de l’escalade sur le terrain ?