Le phénomène n’est que très peu connu à l’heure actuelle, seulement il est à l’origine de vrais drames au quotidien. La résistance aux antibiotiques antimicrobiens commence à susciter l’inquiétude vu son potentiel mortel. On compte, en effet, 25 000 décès annuels rien que dans l’Union Européenne.
Ce sont les chiffres avancés dans un récent rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) qui laissent présager que la tendance ne fera que s’aggraver si rien n’est fait.
Vytenis Andriukaitis, Commissaire européen à la santé et à la sécurité alimentaire, déclare à cet effet que : « La résistance aux antimicrobiens est une menace alarmante qui met en danger la santé humaine et animale. Nous avons déployé des efforts considérables pour stopper sa croissance, mais cela ne suffit pas. Il faut être plus rapide, plus fort et agir sur plusieurs fronts à la fois ».
Seulement si la situation est déjà critique, elle semble devoir se compliquer encore plus dans l’avenir. Les prévisions indiquent qu’en 2050, l’antibiorésistance pourrait causer plus de morts que le cancer avec un nombre de victimes qui pourrait s’élever à 10 millions de personnes.
L’antibiorésistance ne présente pas seulement un impact humain mais pèse lourdement sur les économies : la noté s’élève à près de mille milliards de dollars par an, selon Jim O’Neill, économiste britannique et secrétaire d’Etat au Commerce dans le gouvernement de David Cameron qui a dirigé une mission sur la lutte contre les infections résistantes aux traitements dans le monde.
Parmi les solutions à mettre en place : limiter l’usage massif des antibiotiques que ce soit à usage humain ou vétérinaire. L’utilisation de tests rapides qui permettent de distinguer une infection bactérienne d’une infection virale (où la prescription des antibiotiques est inutile) permet également de limiter ce gaspillage de médicaments.
A l’échelle personnelle, il est impératif d’apprendre à cesser de réclamer systématiquement des antibiotiques à chaque épisode infectieux. Par ailleurs, l’automédication ou la prise d’antibiotiques quasi systématiques est à bannir.
Il est impératif de garder en tête que l’antibiorésistance a récemment causé le décès d’une jeune femme américaine, après la prise de 26 antibiotiques différents. Pour que cette situation dramatique ne se répète pas, il est impératif de prendre conscience que la consommation abusive et inutile d’ antibiotiques peut tuer.