Pour l’expert en gouvernance Moez Joudi, le dernier remaniement ministériel fait par le Chef du gouvernement Youssef Chahed est annonciateur d’un bras de fer politique entre la centrale syndicale et le gouvernement.
Ce bras de fer n’est pas de bon augure pour la conjoncture actuelle, poursuit Moez Joudi. Notamment que la réforme qui va être mise en place nécessite une certaine stabilité et du consensus, fait-il savoir.
«Le remaniement n’est pas un problème en soi. D’ailleurs lors de sa dernière interview, le Chef du gouvernement a paru très confiant et déterminé quant à la bonne marche des réformes», dit-il, ajoutant, même si la communication du gouvernement au sujet des réformes n’est pas optimale.
«Il faut que ces réformes soient faites mais dans le consensus, en prenant le temps nécessaire. J’ai l’impression que ce gouvernement et celui d’avant ont trop tardé. A présent ce gouvernement est contraint d’ accélérer les réforme en passant de l’extrême à l’extrême en matière de privatisation des banques, sauvetage des caisses sociales et l’assainissement de la fonction publique», continue-t-il.
Revenant sur la privatisation des banques publiques, l’économiste a affirmé que la Tunisie est le seul pays à avoir des participations dans trois banques publiques et une participation dans sept différentes banques : «Je suis pour l’allègement du portefeuille dans les banques mais non pas en cédant les trois banques publiques du jour au lendemain». Dans ce contexte, il a proposé de commencer avec la STB étant donné qu’elle est la plus détériorée.
Interpellé sur la nomination de Khalil Ghariani à la tête du ministère de la Fonction publique et de la gouvernance, Moez Joudi a considéré qu’il s’agit d’une nomination politique et non technique. «Khalil Ghariani n’a pas le profil de ce ministère, c’est un homme qui a de l’expérience et de la compétence dans la question sociale surtout dans les questions relevant de tout ce qui est industriel tunisien et maîtrisant l’univers des PME tunisiennes. J’aurais aimé le voir dans un ministère ou un secrétariat d’Etat chargé des PME», commente-t-il. «A mon avis ce remaniement a été fait pour donner un signal qu’on a remplacé l’UGTT par l’UTICA.»
Notons que Youssef Chahed a opéré un «mini» remaniement au sein de son équipe gouvernementale. Remaniement à la faveur duquel Khalil Ghariani, membre du Bureau exécutif de l’UTICA, a été nommé ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance à la place d’Abid Briki. Ahmed Adhoum, ancien ministre des Domaines de l’Etat, est nommé quant à lui au poste de ministre des Affaires religieuses. Abdellatif Hmem, ancien directeur général de l’ONTT, est nommé au poste de secrétaire d’Etat au Commerce, à la place de Faycel Hafiyene, qui a rejoint le cabinet du Chef du gouvernement.