L’annonce est tombée comme un couperet depuis samedi 25 février, pas moins de 48 heures après que l’ex-ministre de la Fonction publique et de la bonne gouvernance, Abid Briki, a été écarté, aux motifs, selon les dires du Chef du gouvernement, qu’il n’a pas respecté les principes des institutions de l’Etat. Décision que l’UGTT s’est empressée de dénoncer.
Dans ce contexte, Youssef Chahed a déclaré: « Abid Briki a fait son travail de ministre. Mais, il ne sera ni le premier ni le dernier à être écarté, car chaque ministère sera évalué et personne ne sera au-dessus de l’Etat. » Il a précisé la démission par étapes est inadmissible. Quant à la désignation de Khalil Ghariani pour lui succéder, le Chef du gouvernement a affirmé qu’il figure parmi les personnalités nationales qui ont joué un rôle important dans le processus démocratique; qu’il ne travaillera pas seul, qu’il agira en l’occurrence de concert avec l’action gouvernementale.
Par ailleurs, M. Chahed a démenti les rumeurs selon lesquelles d’autres remaniements vont suivre, malgré le bras de fer qui oppose les syndicalistes de l’UGTT au ministre de l’Education Néji Jalloul. Il a déclaré: « L’UGTT est un partenaire stratégique du processus démocratique, mais le fait qu’il y a un jour de grève ou encore de colère revendiquant la démission du ministre n’est pas acceptable. »
Le risque zéro n’existe pas
Qu’en est-il du bilan du gouvernement d’Union nationale? Youssef Chahed a indiqué que plusieurs choses vont dans le bon sens. Sur le plan sécuritaire, il a noté une nette amélioration et une stabilité de la situation, « même si le risque zéro n’existe pas », a-t-il souligné. Ainsi, se prononçant sur le retour des terroristes des zones de tension, il a réitéré sa position, affirmant que la loi anti-terroriste sera appliquée avec toute la fermeté requise. « Le nombre des terroristes se trouvant dans les zones de conflit s’élève à 2929, et non 10 000 comme certains prétendent. »
Quant au retour de la production du phosphate est également un atout considérable pour la relance économique du pays. « D’ailleurs, notre objectif pour l’année 2017, est d’atteindre 2.5% de croissance, et nous pouvons le faire. »
L’employabilité des jeunes
Et d’ajouter: « Nous avons une vision pour les trois prochaines années. En d’autres termes, nous avons déjà planifié des solutions immédiates pour booster l’employabilité des jeunes, à travers les contrats de la dignité, par des microcrédits dont la valeur varie entre 5000 et 10000 dinars et la politique du premier logement pour la classe moyenne. Il est vrai que ce n’est qu’un début, mais c’est loin d’être suffisant, car il va falloir miser sur les réformes administratives. Nous ne pouvons plus nous permettre de rester les bras croisés. Il faut opter pour de nouvelles stratégies et remédier à la lourdeur administrative. Il ne s’agit plus d’un choix, mais d’une nécessité. »
Les banques publiques
Sur un autre volet, celui de la privatisation des banques publiques, le Chef du gouvernement a indiqué que l’un des obstacles est celui du déficit des banques: « Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de trois banques publiques. La STB en 2015 a reçu de l’Etat 700 millions de dinars et il en sera probablement de même en 2019. Il faut stopper l’hémorragie, avant que la situation ne se dégrade davantage. »
La réforme des caisses sociales
Le Chef du gouvernement a souligné que plusieurs solutions étaient envisageables, tout en appelant à la concertation. Il en envisage trois: l’augmentation de l’âge de départ à la retraite (de 62 ans à 65 ans), la création d’une TVA sociale, l’augmentation des cotisations, ou la possibilité d’un mix. »
Nidaa Tounes
Le Chef du gouvernement a enfin exprimé sa fierté d’appartenir au parti Nidaa Tounes, qui en l’espace de deux ans a su s’affirmer sur la scène politique et rééquilibrer le paysage. Et d’estimer que ses relations avec le directeur exécutif du parti, Hafedh Caïd Essebsi, sont bonnes, à l’instar de celles qu’il entretient avec les autres chefs de parti.
Notons que Youssef Chahed a opéré un « mini » remaniement au sein de son équipe gouvernementale. Remaniement à la faveur duquel Khalil Ghariani, membre du Bureau exécutif de l’UTICA, a été nommé ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance à la place d’Abid Briki. Ahmed Adhoum, ancien ministre des Domaines de l’Etat, est nommé au poste de ministre des Affaires religieuses. Abdellatif Hmem, ancien directeur général de l’ONTT, nommé au poste de secrétaire d’Etat au Commerce, à la place de Faycel Hafiyene, qui a rejoint le cabinet du Chef du gouvernement.