L’accès au financement pour les PME demeure à la fois un sujet d’actualité et un casse-tête récurrent maintes fois dénoncé. A ce propos, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) a organisé une conférence intitulée : » Financement de l’entreprise et investissement », en présence d’un certain nombre de banquiers et de personnalités du monde des finances et de chefs d’entreprise. Zoom sur les difficultés de la petite et moyenne entreprise.
Prenant la parole, Ouided Bouchamaoui, présidente de la Centrale patronale, a souligné la nécessité de réviser de fond en comble le système de financement de l’entreprise et a exhorté les banques à y concourir pour trouver les solutions idoines qui permettent de sortir de l’ornière.Etant donné qu’il s’agit d’un sujet d’actualité et récurrent, l’UTICA a choisi d’ouvrir le débat aujourd’hui sur le sujet », précise-t-elle.
Lors de son intervention, Ahmed El Karm, président du Directoire d’Amen Bank, a fait valoir que le rôle des banques et des institutions financières dans le financement de l’économie est fondamental car les banques ont pour vocation de créer des projets et de les accompagner pour assurer leur pérennité et celle des emplois créés.
Cependant, il a reconnu que le secteur bancaire lui même passe par un certain nombre de difficultés qui handicapent son action. C’est pourquoi, soutient-il, il faut imaginer de nouveaux instruments de financement afin que la croissance retrouve son rythme habituel.
Toujours d’après le même intervenant, il y a des priorités qui doivent être accordées à la restructuration des institutions économiques publiques, qui souffrent d’un fort taux d’endettement et qui ont donc besoin de l’intervention de l’Etat. Il a préconisé le recours à la micro-finance, surtout pour les régions intérieures, comme solution à même de créer un tissu industriel qui va impliquer les jeunes de ces régions et les motiver dans leurs idées de projets. Ce qui va booster l’inclusion financière tant de fois ressassée sans jamais y parvenir sinon sporadiquement.
Répondant à la question de leconomistemaghrebin.com portant sur la persistance des problèmes du financement des PME, et ce, malgré les efforts déployés par les banques, notre interlocuteur a fait remarquer que les PME nécessitent de l’accompagnement. « Donc nous devons réfléchir sur un système qui relie l’accompagnent et le financement ensemble », conclut-il
Intervenant pour présenter la Banque de financement des petites et moyennes entreprises ( BFPME), Slim Feriani, nouveau PDG, a fait un exposé sur la situation de la banque, ses perspectives et ses objectifs. Il a indiqué que la banque dispose d’un capitale de 100 MDT, montant jugé insuffisant pour une banque qui a pour mission d’ inciter à la création des PME et, partant, d’emplois.
Avançant des chiffres sur le capital de la banque, il a indiqué que 60% du capital sont détenus notamment par l’Etat, 22% par le Groupe chimique tunisien à hauteur de 22% et 10% par Tunisie Telecom. Le délai de recouvrement de la dette varie entre 2 et 10 ans.
Cependant, il n’était pas sans reconnaître que la période de l’étude du dossier des demandes de financement, qui peut atteindre 6 mois, est trop longue. La Banque a en effet reçu 9103 demandes de financement dont 2500 ont été approuvées. 2076 de ces projets sont relatifs à la création d’entreprises et 421 à l’extension d’entreprises déjà existantes. Il a indiqué que le Fonds de Promotion et de Décentralisation Industrielle (FOPRODI), selon la loi, intervient pour cofinancer les projets soumis. A ce jour, le FOPRODI en a financé à hauteur de 56%.
Le séminaire a été une occasion pour dévoiler les conclusions du rapport annuel de l’IACE – l’Institut arabe des chefs d’entreprise – sur l’inclusion bancaire et financière en Tunisie.
Le rapport a été présenté au public présent conjointement par Majdi Hassen, porte-parole de l’IACE, et Sami Mouley, Professeur universitaire en finance internationale. Il cible tous les 24 gouvernorats de la Tunisie et s’est penché, en particulier, sur les petites et micro entreprises. A la lumière de ce rapport, il en ressort que la Tunisie est faiblement classée en matière d’inclusion financière et bancaire avec une moyenne générale de 0,5%, fait-il savoir.
A l’échelle régionale, les gouvernorats de l’intérieur (Centre-Ouest et Nord-Ouest et Sud-Ouest) présentent des taux très faibles, ce qui dénote que le taux de pauvreté est intimement lié à l’inclusion financière, d’après Sami Lemay.
De même, le rapport a montré que les gens tendent à recourir de plus en plus aux institutions de microfinance. « Les institutions de microfinance pourraient effectivement se substituer aux institutions bancaires, notamment au niveau des particuliers mais il semble aussi que la Poste tunisienne détient le taux d’inclusion le plus élevé de par ses ramifications dans les régions et la popularité de son réseau », dit-il.
Expliquant le positionnement de Ben Arous en tête de classement, il a indiqué que cela est dû à l’existence d’un tissu industriel très dense dans cette région. Ce qui a multiplié le nombre d’agences.
De son côté Hichem Elloumi, vice-président de l’UTICA, a indiqué que le financement de l’entreprise est un sujet récurrent et crucial pour la pérennité de l’entreprise, et ce, d’autant plus que 80% du tissu économique local est composé de PME. Elles ont un problème d’accès au financement qu’il soit destiné à la création ou à la gestion.
Il a indiqué que les entreprises souhaiteraient qu’il y ait plus d’écoute de la part des banques pour les aider et les encadrer. « Souvent les banques refusent une demande de financement à cause de l’absence de garantie ou parce que le projet n’est pas bien ficelé et c’est là où la banque peut jouer un rôle comme conseiller. De même, il a indiqué que le faible taux de bancarisation empêche les entreprises d’investir dans les régions reculées », conclut-il.