La cinquième édition du Forum International Afrique Développement aura lieu les 16 et 17 mars 2017 à Casablanca. Autour du thème : «Les nouveaux modèles de croissance inclusive en Afrique», cette édition confère à ses participants un programme exclusif de rencontres thématiques de haut niveau, l’opportunité de prendre part aux B to B et aux B to G, l’accès et la participation au marché de l’investissement, ainsi que les banques de projets qui y seront présentées. Dans une interview accordée aux médias tunisiens, Hicham Seffa, directeur général d’Attijari Bank, est revenu sur cet événement important.Interview.
Présentez-nous le Forum International Afrique Développement et la participation tunisienne
Le Forum International Afrique Développement est un événement de très grande envergure internationale, dont la première édition date de 2009. Il s’agit d’une excellente occasion pour affirmer le monde caché des banques tunisiennes qui souhaitent accompagner les ambitions multiples de l’économie tunisienne, dont l’une consiste à aborder les marchés africains en matière de recherche d’opportunités d’exportation et d’investissement et même pour les entreprises tunisiennes les plus performantes de pouvoir s’adresser à des marchés gouvernementaux.
Sachant que durant l’édition précédente et cette 5ème édition, il y avait et il y a des possibilités d’organiser des rencontres B to G (business – gouvernement), et ce, avec des gouvernements qui sont très bien représentés à l’échelle ministérielle, notamment pour l’Afrique subsaharienne. Pour la Tunisie, cette représentativité n’a pas, à ce jour, atteint le niveau attendu.
Il s’agit également d’une occasion d’affirmer la banque tunisienne comme accompagnatrice des entreprises tunisiennes et puis de porter d’une manière définitive un projet de concurrence et de compétitivité «économie tunisienne-marocaine», et ce, afin de devenir des économies réellement performantes et que le meilleur gagne.
Ce forum constitue aussi une instance d’échange d’expériences et de réflexions qui seront regroupées dans un livre blanc et considérées comme des outils d’aide pour les décideurs.
Aujourd’hui, au niveau du groupe Attijariwafa, on se dit que chaque banque doit être ancrée dans son environnement et doit faire beaucoup plus de banque que de politique. Notre rôle en tant que banquiers est d’accompagner, lors de cet évènement, nos clients pour trouver des opportunités de business.
Concernant la participation tunisienne, dans un espace impressionnant qui contient en plénière environ 1800 personnes, la Tunisie fait partie intégrante du Forum International Afrique développement. A l’instar de l’édition précédente, elle sera à l’honneur au niveau du marché de l’investissement, avec un stand dédié et des présentations des grands projets.
Pour la deuxième année, la Tunisie est le pays d’honneur, ceci peut être le signe d’une nouvelle coopération ?
Il est question aujourd’hui d’élargir l’horizon par de bonnes approches et visions, ainsi que des offres compétitives, de bons produits, du sérieux et de l’expertise; parce que le monde vous appartient, notamment l’Afrique.
Il est temps de conquérir le marché africain pour créer de la valeur ajoutée et se positionner dans le respect des autres, telle est la stratégie du groupe Attijariwafa qui l’a fait sur l’un des créneaux les plus difficiles, malgré la prise de conscience d’un environnement très règlementé avec ses complications et ses outils de contrôle.
Aujourd’hui, est-ce que vous avez financé des projets de sociétés tunisiennes pour s’implanter en Afrique ou développer leurs activités? Et que fait Attijari bank pour accompagner ses clients en Afrique ?
Nous sommes de toutes les tractations, les grands groupes tunisiens savent cependant à quelles portes frapper pour conquérir l’Afrique. Et pour preuve, il y a au moins quatre grands projets qu’Attijari bank a accompagnés en mécanismes de financement; on peut citer à titre d’exemples le groupe de Jalila Mezni, Poulina Group Holding…
Il s’agit de mécanismes de financement locaux. Ainsi, une entreprise qui s’installe au Maroc, mais également au Sénégal, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, n’a pas un besoin d’apport en capital excessif. Elle peut apporter du capital mais avec de la dette bancaire accordée localement par des mécanismes de garanties et des avantages financiers.
Revenons sur la quatrième édition de ce Forum, est-ce que vous avez des échos des retombées des rencontres B to B qui ont eu lieu, notamment par les Tunisiens?
Nous avons joué le rôle de facilitateur de contacts et nous n’avons pas souhaité, d’une quelconque manière, mettre la main sur ces contacts pour en finir avec une alliance capitalistique ou bien un business import-export.
Ce rôle a été développé par la suite, même hors évènement, au niveau du Club Afrique Développement qui est aujourd’hui une plateforme active qui demande quelques changements et améliorations. Elle aide beaucoup de personnes qui veulent se renseigner parfaitement sur de nouveaux marchés et des appels d’offre et entrer en contact tout au long de l’année, à développer leur business en Afrique.
En ce qui concerne les Tunisiens, nous avons constaté qu’ils sont très actifs du moment que vous leur donnez un terrain pour pouvoir agir. Statistiquement, la 4ème édition a été marquée par près de 4800 rencontres B to B et 56 B to G, et au moins 800 contacts ont été pris par les Tunisiens.
L’année dernière, le lancement du Club Afrique Développement était l’évènement phare du Forum. Pour cette édition, quelle sera l’annonce du groupe?
Par respect de la règle de confidentialité, le président du groupe Attijariwafa garde les annonces phares de chaque édition. Pour cette année, il n’y aura pas d’événement phare à ma connaissance.
En ce qui concerne les Prix qui seront décernés, je pense que la Tunisie sera à l’honneur. Il y a deux entreprises tunisiennes, qui sont très reconnues par leurs belles expériences sur l’Afrique, qui méritent d’être sur le podium.
Rappelons que l’année dernière, la société OneTech Tunisie a décroché le prix de la meilleure entreprise engagée dans le développement des échanges et des investissements intra-africains.
«Les nouveaux modèles de croissance inclusive en Afrique» est le thème de cette 5ème édition. Pourquoi le choix de ce thème et qu’est-ce qui représente pour vous la croissance inclusive en Afrique?
Je pense qu’aujourd’hui, une croissance à des chiffres très importants est un signe positif, mais il faut réfléchir à d’autres modèles, de sorte à pouvoir faire bénéficier le maximum de population africaine de cette dynamique de croissance.
N’oublions pas qu’en matière de déficit d’électricité, l’Afrique porte bien son nom en tant que continent noir. Donc l’inclusion suppose l’accès à l’électricité, l’internet, l’initiative privée, la création d’emploi… De telles problématiques sont valables aussi en Tunisie qui enregistre environ 600 mille chômeurs.
Je pense qu’aujourd’hui l’Afrique bouge vite et sera un continent qui va gagner beaucoup en matière d’urbanisation et d’urbanisme, bien évidemment, pour des entreprises structurées.
Comment Attijariwafa est arrivée à cette dimension d’une banque bien structurée?
La manière de pratiquer démontre que notre lecture du marché africain est différente. Quand on s’adresse aux marchés africains, le crédit agricole par exemple était dans une lecture plutôt élitiste.
C’était beaucoup plus pour faire de la banque de couches supérieures, quelques agences qui s’adressent et accompagnent des entreprises françaises et des grandes entreprises qui sont installées en Afrique.
En Tunisie par exemple, on a multiplié, en dix ans, le réseau des agences par deux. Le maître mot c’était de se rapprocher des populations, de bancariser le maximum des personnes et puis d’avoir des produits et services qui peuvent intéresser les populations.
En s’adressant à ces populations, est-ce que vous envisagez plus de partenariat avec les opérateurs télécoms par exemple pour le développement du M-paiement?
Aujourd’hui, on parle beaucoup plus de mobile banking, tel est le cas du Kenya qu’on évoque même en France et aux Etats-Unis. Je pense que l’intelligence de la réussite est le local, plus on migre vers de nouvelles technologies, plus les spécificités locales vont s’imposer.
Par rapport à cette approche, on a une gouvernance au niveau du groupe Attijariwafa qui est tellement souple et qui donne libre cours à l’initiative locale pour réfléchir sur la vision de la banque selon chaque environnement.
Sur tout ce qui est télécoms, nous sommes en train de voir que les télécoms ont une certaine catégorie de données en matière de partage, les banques les ont aussi.
Je pense donc qu’il y a une complémentarité à travailler entre des opérateurs télécoms et des banques, afin de donner la meilleure offre de produits et services à la clientèle. Sachant que les télécoms ont réussi en peu d’année des choses que les banques n’ont pas réussi avec leur existence ancestrale, notamment au niveau du taux de pénétration dans les foyers.