L’expert-comptable associé au cabinet United Advisers, Omar Besbes, a commencé son analyse en rappelant que l’augmentation salariale en question est de l’ordre de 6% avec un effet rétroactif à partir d’août 2016. Une deuxième augmentation de 6% est prévue à partir de mai 2017.
Ainsi les entreprises vont voir leur masse salariale augmenter de 12,36%. « Si on prend en considération l’inflation de 4,2% prévu pour 2017, les entreprises concernées par cette augmentation salariale vont voir leur marge brute baisser de l’ordre de 5% toutes choses égales par ailleurs, c’est-à-dire, à production et effectif constants», explique-t-il.
Ces augmentations salariales viennent en même temps que la contribution conjoncturelle de 7,5% imposée aux entreprises, ce qui va encore alourdir les charges des entreprises.
Qu’est-ce qui va compenser ces augmentations salariales ? L’expert-comptable soutient qu’un seul paramètre est capable de faire la différence, à savoir la croissance. « Mais la croissance générée en 2016 est de l’ordre de 1% et devrai atteindre, selon les prévisions, 2,5% en 2017. Donc la discordance est énorme », dit-il.
Par ailleurs, il a fait remarquer que la croissance en 2016 n’est pas linéaire et n’a pas touché tous les secteurs: « Le problème est que la plupart des secteurs concernés par l’augmentation salariale sont les secteurs qui ne connaissent pas de croissance. En 2016, l’industrie manufacturière a connu une croissance négative de 0,6% et l’industrie non-manufacturière une croissance négative de 1,6% », continue-t-il.
Evoquant le cas du secteur du textile, le spécialiste a affirmé que ce secteur est déjà en crise et ces augmentations vont l’enfoncer davantage. « C’est pour cette raison que ces entreprises les ont refusées. On ne peut leur donner tort. De telles augmentations ne peuvent se faire que lorsque la croissance reprend. Les décideurs auraient dû au moins les aligner sur l’inflation qui est actuellement de l’ordre de 4,2% », considère-t-il.
Omar Besbes a conclu en rappelant que les entreprises tunisiennes se trouvent face à plusieurs difficultés matérielles, économiques et réglementaires et chose plus grave, l’Etat a ouvert la porte grande ouverte à l’importation. « Les secteurs qui connaissent des difficultés de survie auraient dû être exonérés », conclut-il.