Le projet de loi de réconciliation économique ne cesse de faire parler de lui. La semaine dernière a connu deux points majeurs évoquant le sujet. En premier lieu le séminaire tenu par Machrou3 Tounes appelant à mettre en place une réconciliation globale et en deuxième lieu, la dernière interview du Président de la République au cours de laquelle il a fait sienne l’initiative du projet de loi de réconciliation.
Moez Joudi, président de l’Association tunisienne de la gouvernance et l’un des partisans du projet de loi, revient sur l’ impact dudit projet qu’est en train de peaufiner le Président de la République, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
Plusieurs centres de recherche ont fait des études concernant l’impact économique du projet de loi, déclare-t-il, à l’instar du centre de l’intelligence économique auprès de l’IACE.
Le projet de réconciliation économique est capable de ramener 1,2% point de croissance par an. D’autres études ont montré que depuis 2011 jusqu’à maintenant, le pays a perdu à peu près 7 points de croissance et ce, à cause de la non-réconciliation.
Moez Joudi considère que la réconciliation aura un impact positif sur le climat des affaires puisqu’elle peut générer plus de confiance et plus de stabilité. « Cependant, ajoute-t-il, plusieurs choses ne sont pas claires. Il y a comme un climat de suspicion. Je suis contre la réconciliation avec des malfaiteurs, loin de là mais aussi je suis contre les pseudo-révolutionnaires qui profitent de cette révolution pour arranger des choses personnelles et se prennent pour des Robespierre et se mettent à juger des personnes alors qu’eux-mêmes ils ne sont pas aussi intègres que cela « .
« Parmi les hommes d’affaires, il y a ceux qui ont acquis des avantages personnels et aujourd’hui on ne peut pas continuer à les juger pour les quelques privilèges reçus. Faisons-les payer des amendes et passons à autre chose. On ne va pas s’éterniser là-dessus, à quoi bon ? » s’exclame-t-il.
Dans le même contexte, il a fait savoir que les spécialistes dont il fait partie demandent à ce que le dossier de la réconciliation économique soit dégagé de l’Instance vérité et Dignité car l’IVD n’est pas une instance constitutionnelle, c’est le fruit d’un consensus entre les différentes composantes du gouvernement de la Troïka. D’ailleurs elle ne fait pas l’unanimité. Par ailleurs, il a fait savoir que la réconciliation économique et financière est un sujet qui nécessite un certain savoir. « Je suis pour la régularisation économique tout en faisant la part des choses », dit-il.
Interpellé sur son avis sur le projet de loi, Moez Joudi considère que le projet est perfectible et cible deux catégories de personnes: les cadres administratifs qui ont travaillé avant le 14 janvier 2011, qui ont signé et n’ont pas perçu de bénéficies et ceux qui ont juste appliqué des ordres tel le cas de Kamel Haj Sassi ou Habib Ben Yahia.
« Nous avons aujourd’hui des cadres administratifs qui refusent de signer quoi que ce soit de peur d’être jugés plus tard et cela bloque l’investissement ».
Pour ce qui est de la commission de réconciliation prévue par le projet, Moez Joudi a considéré que la commission ne doit pas être composée uniquement de gens de l’administration mais elle doit être plus représentative.