Qui dit tuberculose dit maladie infectieuse la plus meurtrière au monde, avec pour l’année 2015, 10.4 millions de cas nouveaux et 1.8 million de décès. Synonyme de pauvreté, la tuberculose n’a pourtant pas le même visage qu’elle avait quelques décennies en arrière.
Des progrès ont été notés, par des efforts de politiques de dépistage et de traitement, avec comme résultat près de 49 millions de vies sauvées en 15 ans. Cependant, malgré les grandes avancées, la communauté médicale se heurte à de nouvelles problématiques telles que l’émergence de germes résistants aux traitements et le financement qui fait défaut dans un grand nombre de pays. En effet, rien qu’en 2015, 480 000 nouveaux cas de tuberculose multirésistante ont été notés, quant au financement, ce sont 2 milliards de dollars (US $) qui manquent pour financer les interventions nécessaires.
La Tunisie s’est engagée dans la lutte contre la tuberculose depuis 1959, avec la mise en place d’un programme national de lutte contre la tuberculose. Cet engagement a permis à ce programme de couvrir la totalité du territoire tunisien grâce à son intégration dans les structures de santé de base, la gratuité des soins et les actes de dépistage et un taux de vaccination par le BCG pour les enfants de 18 à 29 mois de 98.2 % (Enquête par grappes à indicateurs multiples – MICS4 / 2011-2012).
Après plusieurs décennies de lutte contre la tuberculose, le nombre de cas a fortement diminué pour aboutir à un taux de 31 cas pour 100 000 habitants en 2015.
Parmi ces cas, on compte 40% de tuberculose pulmonaire, et 60% de tuberculose extra-pulmonaire essentiellement ganglionnaire . Enfin, 13 cas de tuberculose ultra-résistante aux médicaments ont été notés.
Si le programme de lutte contre la tuberculose a permis une réduction significative du nombre de cas de tuberculose pulmonaire, la Tunisie connaît à l’heure actuelle une recrudescence des cas de tuberculose ganglionnaire, dont 78% est due à la tuberculose bovine. En effet, la maladie existe aussi chez les bovins qui par le biais du lait et de ses dérivés se transmet à l’homme, à noter que la transmission peut se faire également par le biais de viande pas suffisamment cuites. Cette nouvelle problématique amène à ouvrir un front supplémentaire dans la lutte contre la tuberculose. En effet, le défi actuel est de garder les acquis en matière de lutte contre la tuberculose, et parallèlement mener une politique pour contrôler la maladie chez les bovins.
La tuberculose ganglionnaire fait également appel au sens de la responsabilité des citoyens conviés à bannir le lait et ses dérivés non pasteurisés, et les viandes rouges mal cuites… A bon entendeur !