Loin des schémas traditionnels, l’idée de créer un front du salut national est devenue une réalité. Le paysage politique d’aujourd’hui se mue inévitablement en une profusion de partis. En totalité plus de 200 partis politiques seront probablement en lice pour les élections municipales. Qui dit mieux ?
Dans la journée du dimanche 2 avril, une nouvelle redistribution du jeu politique a vu le jour après des mois de discussions et de rencontres pour créer un seul front, intitulé le front du salut et du progrès, composé de dix partis : Nidaa Tounes ( une partie), el Machrou3, l’UPL, le parti socialiste, le mouvement Tounes el mostakbel, le parti de l’union populaire, MCD, le parti des travailleurs, ..
Mohsen Marzouk, le secrétaire général du parti Machrou3 Tounes, a fait savoir que cette initiative a pour but de rassembler. Il précise: « Nous avons lancé un appel à toutes les personnalités nationales, aux acteurs de la classe politique ayant appartenu à la famille démocratique moderne de se joindre à nous afin d’équilibrer un tant soit peu le paysage politique actuel ».
Il ajoute: » La lutte contre la corruption, les réformes économiques et sociales exigent de nous qu’on soit une force politique. De ce fait, j’invite ceux qui ont les mêmes objectifs que les nôtres de se joindre à nous. »
Evoquant la question de la création du nouveau parti « el Badil Tounsi » de l’ancien chef du gouvernement Mehdi Jomaa, il a déclaré: » Je réitère mon appel afin que nous soyons une grande force alternative dans le pays. Si tout le monde vise les élections présidentielles, pour moi ce n’est pas mon cas, je n’ai pas l’intention de me présenter aux présidentielles. Cela dit, on pourrait organiser des primaires pour faciliter la tâche de la vie politique ».
De son côté, Samira Chaouachi, porte-parole de l’UPL, a souligné: « Si nous sommes réunis aujourd’hui c’est parce que nous avons décidé que les démocrates progressistes doivent se doter d’une nouvelle armure, un front politique porteur d’ une vision. »
Paysage politique pluraliste
Présent lors du congrès, Ridha Belhaj, un des dirigeants du comité de direction de Nidaa Tounes, a affirmé que l’objectif du front est celui de rétablir l’équilibre du paysage politique, « car ces derniers temps, nous avons remarqué une forte prédominance du mouvement Ennahdha, qui persiste à vouloir imposer une idéologie rétrograde », a-t-il dit.
Interrogé sur le conflit régnant à Nidaa Tounes, il a répondu: « Nous sommes la direction légitime du parti, nous considérons que le camp de Hafedh Caïd Essebsi n’est pas le projet du parti Nidaa tounes, alors ce qui se passe en ce moment n’est autre qu’une tentative de faire main basse sur le pouvoir ».
« Nous vivons un déséquilibre sur la scène politique entre deux blocs, un moderniste et un autre conservateur, par la tendance rétrograde de l’islam politique », affirme Marouan Felfel, membre de la commission des finances et député de machrou3 Tounes.
Selon lui, le citoyen vit dans un flou par rapport à la situation économique. Il précise: « Cette volonté de rassembler toutes les forces politiques de la famille moderniste nationale est une nécessité car le gouvernement actuel est incapable de résoudre les problèmes du pays. Ce front répond à une aspiration d’union car pour une sortie de crise, il n’y a ni droite ni gauche. Nous nous estimons les héritiers du Mouvement national réformateur. Nous appartenons à cette famille centriste pragmatique et réaliste ».
La création de ce nouveau front est-elle due aux prochaines Municipales ? M. Felfel répond par l’affirmative tout en précisant : » Nous avons tiré les leçons des anciennes élections. Le fait de se présenter de manière unitaire ne servira pas les intérêts de notre grande famille ».
Le qui fait quoi?
« Il y aura une gouvernance collégiale. De même, les décisions seront prises de manière collégiale qui est différente de la logique partisane car on garde notre appartenance mais on tend vers une nouvelle expérience politique, celle d’un front qui présentera la vraie alternative pour une sortie de crise », conclut M Felfel.