Avec 60% de parts de marché, Water Treatment Technologies (WTT) se positionne dans le domaine du traitement des eaux. Cependant quelques soucis existent encore. Le directeur général de l’entreprise expose sa vision sur le secteur et l’inadéquation entre formation académique et nécessité du marché de l’emploi.
Leconomistemaghrebin.com :
Présentez à nos lecteurs Water Treatment Technologies (WTT)…
Foued Namouchi :
C’est une entreprise qui a été créée en 1997, qui s’est spécialisée dans le traitement des eaux médicales pour l’industrie pharmaceutique, les machines à dialyse et l’agroalimentaire. Ces dernières années nous avons réussi à installer une trentaine d’unités dont une vingtaine destinées au ministère de la Santé : de Tataouine, en passant par Om Larayes, Sidi Bouzid, Kerkennah jusqu’à Nabeul et Siliana.
Nos machines produisent de l’eau hautement purifiée selon les normes pharmacopées pour 1500 patients dialysés qui se font traiter par nos eaux.
Nous avons développé la machine de traitement des eaux Hydro pharma et avons pu obtenir la Certification de marquage CE et EN ISO 13485 par le Laboratoire National d’Essais de France. C’est ainsi que nous avons réussi à décrocher quelques marchés avec le ministère de la Santé. D’ailleurs nos parts de marché en Tunisie tournent autour de 60%.
Depuis 2012, nous avons conçu la machine Hydro pharma pour l’industrie pharmaceutique et cosmétique et elle est capable de donner de l’eau hautement purifiée. Sa conception et sa fabrication sont entièrement l’oeuvre de compétences tunisiennes.
Nous sommes les seuls en Afrique et au Moyen-Orient à avoir été certifiés selon les normes européennes. D’ailleurs de 2013 à 2016 nous avons triplé notre chiffre d’affaires et cela a été rendu possible grâce au fait que nous avons triplé l’équipe. Si nous avons pu développer nos activités, c’est aussi grâce à des partenariats avec Tunisian American Enterprise Fund (TAEF).
Quels sont vos projets pour 2017 ?
Le bureau d’Algérie va être ouvert dans deux semaines officiellement (Oran et Constantine). On travaille actuellement pour avoir un bureau en Egypte d’ici fin 2017 et on négocie l’ouverture d’un bureau en Allemagne. Notre objectif en 2017 est de produire pour l’exportation, raison pour laquelle nous envisageons de doubler notre production avec plus de formation pour les ingénieurs.
Afin de réaliser cet objectif, nous envisageons de travailler avec des organisations tunisiennes concernées par l’exportation comme le CEPEX afin de lancer nos produits sur l’échelle internationale.
On envisage aussi de se lancer vers l’Afrique. François Mitterrand avait dit que « l’avenir de la Tunisie est en Afrique » et c’est bien vrai. Nous avons les compétences nécessaires et suffisantes pour percer partout.
Quelles sont les difficultés que vous avez dû surmonter au tout début ?
Les problèmes ont commencé dès le départ. Ce n’était pas facile de constituer une équipe de 24 ingénieurs surtout que le système éducatif ne va pas en parallèle avec l’industrie et malheureusement, il n’existe pas de spécialiste dans notre métier. Et donc on a dû investir dans la formation.
Autre souci, comme je viens de le dire, nous avons 1500 patients dialysés sous notre responsabilité et malheureusement, vu la situation économique des caisses, nous ne sommes pas payés régulièrement.
Je m’explique ça fait plus de sept ans que nous assurons la maintenance des machines, de Tataouine au Kef, gratuitement presque. Nous facturons certes mais nous sommes payés après une année, ce qui cause un préjudice non des moindres. Mais cela nous le faisons avant tout pour le pays mais à un moment donné, la machine va se gripper et même les investisseurs vont dire stop. J’espère que le pays va surmonter ses difficultés pour qu’on puisse donner plus.
Avez-vous rencontré également un problème d’inadéquation entre formation universitaire et les besoins du marché de l’emploi ?
Je suis un ancien de l’ENIT des années 80. Quand je vois le niveau des ingénieurs aujourd’hui je me dis qu’ils ne sont pas mal au niveau de la formation académique. Mais ce n’est pas seulement la formation académique qui compte, il y a le second volet qui est déterminant pour se placer sur le marché de l’emploi, à savoir le chaînon manquant de la formation pratique. Même à l’Ecole nationale de l’hydraulique, à Medjez El Bab, on ne leur donne que des notions théoriques.