Menée par un groupe d’experts de l’Institut arabe des chefs d’entreprise, l’étude intitulée: « La réforme de l’administration publique : pour une meilleure performance » apporte un éclairage intéressant pour sortir l’administration tunisienne de l’impasse dans laquelle elle se trouve.
L’étude considère que le problème en Tunisie n’est pas le nombre de fonctionnaires que tout le monde qualifie de pléthorique. Exemples à l’appui, l’étude cite le cas de la Grèce :33 agents administratifs pour 100 habitants, 80 en France, 123,6 en Suède et 145 au Danemark. Pour le cas de la Tunisie, il s’agit de 56 agents d’administration pour 1000 habitants.
En Tunisie, il existe 650 mille fonctionnaires publics, environ 14 fonctionnaire par unité de PIB contre environ 2 et 8 fonctionnaires par unité de PIB respectivement en France et en Suède.
A partir de ces deux constats, l’étude considère que le problème n’est pas la taille ou la rémunération mais plutôt la performance de l’administration. « La réduction des effectifs n’est donc pas la solution optimale », d’après l’étude.
L’équipe qui a mené l’étude considère que l’administration tunisienne se trouve face à quatre défis majeurs, à savoir la motivation des managers et la réaffectation des ressources. A cet égard, l’étude considère que la motivation des managers de l’administration passe par la responsabilisation et la revue du système de rémunération. Ainsi l’étude propose d’agir à deux niveaux : la responsabilisation et la rémunération. En 2014, le salaire d’un fonctionnaire “catégorie D” représente presque la moitié du salaire d’un haut fonctionnaire alors qu’en 2010, il n’en représentait que le tiers.
A travers l’étude, il s’est avéré qu’ à responsabilités égales avec leurs homologues du secteur privé, les managers du secteur public demeurent condamnés à une grille salariale gelée, qui ne tient pas compte de la valeur ajoutée individuelle.
Comparée au niveau international : la haute fonction publique demeure sous-payée en Tunisie. L’absence d’un système de responsabilisation des managers est due à une quasi-inexistence des systèmes de gestion par objectifs, d’une autonomie des pouvoirs et de contrats objectifs.
A ce niveau l’étude recommande : « La mise en place d’un nouveau système de rémunération capable d’attirer et retenir les compétences. Une gestion par objectifs de la performance et de l’efficience. La clarification de l’organigramme et des liens hiérarchiques et fonctionnels ». En ce qui concerne la réaffectation des ressources, l’étude constate la baisse du taux d’encadrement et « la surreprésentation des ouvriers dans l’effectif de l’administration». Car la fonction publique est assurée par 80% des fonctionnaires dont 35% de cadres supérieurs, 18% ouvriers et uniquement 2% de contractuels. En dépit de ce grand nombre, il a été constaté une inadéquation du front-office avec les exigences des postes et un mauvais équilibrage entre les métiers techniques et ceux de support. L’étude propose de réorienter l’administration vers les services.
Le deuxième défi est relatif à la gouvernance et la performance des administrations publiques. Pour les 325 entreprises publiques, l’étude propose de revoir le conseil d’administration par la séparation de la fonction de président de conseil et de directeur général, la présence d’administrateurs indépendants et la responsabilisation du conseil d’administration ainsi que la motivation des managers à travers la contractualisation des directeurs généraux, la mise en place de contrats par objectifs et l’option pour une rémunération liée à la performance.
En ce qui concerne la relation entre les pouvoirs publics et l’administration, l’étude a constaté la dépendance de l’administration par rapport au ministère de tutelle qui intervient dans les tâches de suivi et d’exécution et propose le renforcement du rôle de la haute fonction publique, chargée de créer un climat de confiance entre le pouvoir politique et l’administration:
Le quatrième défi est la réussite de la mise en place d’une administration locale, et ce, à travers la réaffectation des effectifs et l’optimisation de l’utilisation des ressources.