«Pour libérer et réaliser le plein potentiel entrepreneurial de la Tunisie», tel est le thème du workshop Startup Act, organisé, aujourd’hui, par le ministère des Technologies de la communication et de l’économie numérique, et présidé par Youssef Chahed, Chef du Gouvernement, Anouar Maârouf, ministre des Technologies de la communication et de l’économie numérique, Saida Ounissi, Secrétaire d’Etat à la Formation professionnelle et l’initiative privée, et ce, en présence de représentants du peuple, de syndicalistes, de représentants de la société civile, des entrepreneurs et de représentants des médias.
A cette occasion, le Chef du gouvernement a annoncé que le projet de loi Startup Act s’inscrit dans le cadre de la promotion des startups innovantes ou technologiques, qui est l’un des quatre axes principaux de la stratégie « Tunisie Numérique 2020 ».
De plus, suite à l’adoption du nouveau Code de l’investissement, qui est entré en vigueur le 1er avril, Startup Act constitue l’un des piliers de l’amélioration du climat des affaires et de la gouvernance de la politique d’investissement en Tunisie, notamment de l’entrepreneuriat des jeunes.
A cet égard, M. Chahed a affirmé qu’il importe de revoir le cadre réglementaire, d’améliorer les conditions d’entreprendre, faciliter les procédures administratives et mettre en place de nouveaux mécanismes de financement. Sachant que ces derniers constituent un handicap majeur pour la concrétisation des projets de startups et par la suite la création d’emplois et de richesses.
Pour sa part, le ministre a précisé que dans un contexte mondial marqué par une grande révolution numérique, la Tunisie pourra, à travers la révision du cadre réglementaire des startups, avoir un climat propice pour la création de ces startups à forte valeur ajoutée. Ce climat lui permettra de devenir un hub technologique régional.
Ce projet qui pourrait être une nouvelle version de la loi 72, n’est pas, à lui seul, suffisant. Il s’agit d’un pas important pour que la Tunisie devienne un terrain d’innovation et de création de startups et d’ idées innovantes.
Dans le même ordre d’idées, le secrétaire d’Etat a fait savoir que ce projet de loi s’inscrit également dans le cadre de la stratégie nationale de l’initiative privée visant l’incitation des jeunes à la création de projets innovants.
Il se résume en trois axes, à savoir la facilitation des procédures administratives qui demeurent lourdes, de l’accès au financement en tant que noyau dur du projet, de l’accès au marché international pour que la Tunisie rayonne sur toute la région, notamment, l’Afrique et le monde arabe.
Quant aux jeunes entrepreneurs, ils ont été unanimes quant aux difficultés qu’ils rencontrent dans la concrétisation de leurs idées de projets, dont la lourdeur administrative, les problèmes de transactions et e-commerce ainsi que les obstacles de financement. D’où le projet de loi Startup Act n’est plus, selon leurs propos, un choix mais plutôt une obligation pour que la Tunisie trouve sa place dans la révolution numérique.
Projet de loi Startup Act
En marge de cette rencontre, le projet de loi Startup Act a été présenté : il a pour objectifs principaux de créer de la richesse, générer de l’emploi, démocratiser le capital et donner de l’espoir aux jeunes.
La Tunisie a un potentiel énorme pour devenir un hub entrepreneurial exceptionnel, et ce, avec une jeunesse bien éduquée, une diaspora de valeur, une culture de débrouillardise ainsi qu’une ouverture historique sur le monde.
Néanmoins, les résultats ne sont pas encore au rendez-vous, notamment, avec seulement 2% de la population (âgée entre 18 et 64 ans) exerçant une activité entrepreneuriale, bien qu’il y ait plusieurs acteurs intervenant tout le long de la chaîne de valeur entrepreneuriale et certains ciblant les jeunes pousses innovantes ou technologiques. Ce qui dénote que l’écosystème tunisien est riche mais reste très fragile.
Cette fragilité s’explique par l’existence d’obstacles qui entravent l’émergence de ces jeunes, dont on peut citer les barrières psychologiques (manque d’inspiration, absence de filet de sauvetage, peur de la précarité financière), l’accompagnement des startups (peu d’initiatives de qualité sur la chaîne de valeur entrepreneuriale, passer d’une idée à un projet, offre de financement non adaptée), ainsi que les obstacles juridiques et financiers (cadre juridique peu adapté, les startups ne sont pas des PME, interactions administratives complexes).
Pour faire face, 70 entrepreneurs et investisseurs ont travaillé, en collaboration avec les autorités concernées, autour du Startup Act. Ce dernier, qui fait partie d’une initiative nationale d’excellence « Startup Tunisia », est sous forme d’élaboration et adoption d’un framework juridique propice à la fois aux startups locales et à celles d’envergure internationale.
Ce projet de loi est réparti en 32 mesures, dont les volets sont comme suit : labellisation, gouvernance, formes juridiques, instruments financiers, création et liquidation, oser entreprendre, avantages fiscaux, financement des startups, marchés publics, internationalisation, université et recherche, import-export ainsi que transactions et e-commerce.
Cette batterie de mesure vise à moderniser le cadre réglementaire, simplifier les procédures administratives et booster l’entrepreneuriat pour un écosystème d’excellence.
Pour faciliter le financement des startups, il a été proposé, dans le même cadre, d’accorder une Bourse de Vie aux fondateurs durant la première année suivant la création, requérant une enveloppe moyenne de 15 millions de dinars par an. Egalement, les participations au capital des startups par les fonds FCPI sont garanties par un Fonds spécial de garantie pour l’innovation à hauteur de 30% pour les startups locales et 50% pour celles internationales, requérant un montant moyen de 25 millions de dinars par an.
A noter que ce projet de loi sera déposé à la Présidence du Gouvernement dans les deux semaines qui viennent.