Que serait le terrorisme sans les médias ? La question a occupé une partie des débats d’un récent colloque international organisé dans la banlieue nord de Tunis sur « Le phénomène du terrorisme à travers le discours médiatique ».
Trente-sept communications ont été présentées par des universitaires venant de quinze pays. Voici un premier bilan du colloque international organisé par l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI), du 13 au 15 avril 2017, dans un hôtel de la banlieue nord de Tunis, sur « Le phénomène du terrorisme à travers le discours médiatique ».
Deuxième bilan de cette rencontre scientifique : un débat des plus indiqués aujourd’hui sur une relation on ne peut plus étroite entre terrorisme et médias. Car, pour nombre d’intervenants, le terrorisme a tissé de nombreux liens avec la presse qu’elle soit écrite, électronique ou encore audiovisuelle.
Les terroristes tentent de faire le meilleur usage des médias
Ces liens ont été mis en évidence dès les premiers instants. Avec notamment la communication de Sadok Hammami, Maître de conférences à l’IPSI, et directeur du Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes et des Communicateurs (CAPJC),qui a souligné que les terroristes tentent de faire le meilleur usage des médias pour faire parler de leurs faits et gestes.
Les réseaux sociaux sont parmi la panoplie des outils médiatiques mis à leur disposition. Ces derniers sont-ils cependant les seuls médias qui permettent de transformer un citoyen lambda en un terroriste ?
Faux, estime l’universitaire tunisien qui conteste, pour ainsi dire, ce qui est sans doute devenu un credo : les réseaux sociaux sont en train de créer des générations de djihadistes. Le contexte social participe à cette mutation. A côté des réseaux sociaux, il y a les lieux de culte, les relations, la pauvreté, le chômage, les lectures,…
Une couverture professionnelle et qui prend en compte les règles d’éthique
Sans oublier que certains deviennent terroristes par eux-mêmes. C’est ce qu’on appelle souvent les loups solitaires. Autant dire que le phénomène est bien complexe.
Une réalité qui n’est pas contredite par Hacham Hassan Temmimi, doyen de la Faculté d’information de l’Université de Bagdad (Irak), qui a mené une enquête auprès de djihadistes de la prison d’Abou Ghrib et est arrivé aux mêmes conclusions: plusieurs facteurs expliquent le passage à l’acte djihadiste.
La question de la formation en journalisme en matière de lutte anti-terroriste n’a pas manqué d’occuper une partie des débats du colloque de l’IPSI. Elle a été traitée par Faten Ben Lagha, maître-assistante à l’IPSI. Qui a mis en exergue le rôle dévolu aux enseignements en journalisme pour inculquer les méthodes à suivre pour assurer une couverture professionnelle et qui prend en compte les règles d’éthique.