Youssef Chahed a-t-il été convaincant ? Qu’en pensent certains partis de l’opposition ou ceux qui sont dans la coalition?
Jilani Hammami, député du Front populaire, a fait savoir que le Chef du gouvernement se trouve dans une situation délicate et il en est conscient. Il précise: « Il aurait dû recourir à des arguments plus solides pour booster son image et celle de son gouvernement. Il n’a pas été convaincant ».
Selon lui, le constat est clair : « Le Chef du gouvernement subit les pressions soit à travers les mouvements de protestation recensés un peu partout dans les régions mais aussi les lobbies qui se trouvent à l’intérieur de l’Etat qui font partie du gouvernement. La preuve, il a parlé de mafia pour la première fois. Cependant, j’aurais aimé voir un homme fort, sûr de lui, et présenter des solutions, prendre des décisions urgentes pour amorcer la crise », a-t-il souligné.
Sur le plan de la forme, « Youssef Chahed a su s’en sortir, mais il est resté un peu tendu », a déclaré de son côté Sahbi Ben Fraj, député du parti Machrou3 Tounes. Et de poursuivre: » Il ne faut pas douter de la sincérité de Youssef Chahed. Toutefois, les solutions qu’il a proposées ne répondent que partiellement aux exigences réelles de la région ».
Et d’ajouter: « Je pense qu’il est temps de penser à une révolution en matière d’innovation. Je retiens essentiellement le fait que Youssef Chahed a lancé un défi à la classe politique, à savoir celui qui a une solution qu’il la présente maintenant et non pas en 2019. En réponse, Machrou3 Tounes relève ce défi. Nous allons lui exposer les projets dans les prochains jours, dans chaque région concernant les réformes sectorielles, secteur par secteur et région par région et qui auront un impact positif sur l’employabilité et le développement et ne pas nous contenter de critiquer ».
Les membres de la coalition en pensent quoi?
Faouzi Charfi, dirigeant au parti Al Massar, a souligné que le Chef du gouvernement a renouvelé son intention non pas de travailler sur les diagnostics mais sur les solutions importantes pour rétablir un cadre économique et social qui soit propice à l’investissement.
Il ajoute: « Il a encore renouvelé toute la volonté du gouvernement à relancer l’économie. Or les Tunisiens ont besoin de voir des choses concrètes en premier comme la mise en place des projets. En d’autres termes, il faut que les gens sentent le changement car le temps lui est compté. Tout comme il est important de maintenir une stabilité politique et continuer sa mission jusqu’à 2019 ».
Cela dit, il aurait pu donner deux signaux forts dont celui de la lutte contre la corruption, qui ne peut pas se résumer à une simple procédure ou à un cadre juridique mais par le biais de mesures concrètes comme la mise en examen des contrebandiers ».
Il conclut : « Ce gouvernement gagnerait beaucoup en crédibilité à partir du moment où il s’attaquera de manière claire et frontale à l’économie parallèle. Un signal fort à envoyer à la population pourrait être le recrutement de cent juges, par exemple ».
Intervenant au lendemain de l’interview du Chef du gouvernement, le ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, Imed Hammami, a souligné dans une déclaration sur les ondes radiophoniques que le gouvernement a pris plusieurs mesures urgentes en faveur du gouvernorat de Tataouine, lors du Conseil des ministres de lundi 10 avril, ainsi que des solutions à court terme qui feront l’objet d’un prochain Conseil des ministres.
Il a fait savoir que le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, effectuera une visite de terrain non seulement à Tataouine mais également dans d’autres régions. Le ministre a cité, parmi les mesures adoptées par le gouvernement, celle du recrutement de 500 personnes par la Société de l’environnement et la circulaire adressée aux sociétés installées dans la région de réserver un quota à hauteur de 70% pour l’embauche des jeunes du gouvernorat. M.Hammami se dit optimiste, notamment après la réouverture des routes et la reprise des cours et à l’ouverture du dialogue.
Il a également fait savoir que 1000 postes seront rendus disponibles dans les compagnies pétrolières avec l’obtention de contrats à temps indéterminé.
Ce qui se passe dans le Sud n’a rien de surprenant. Les jeunes d’aujourd’hui n’exigent rien d’autre que de pouvoir travailler dignement. C’est la revendication qui était à la base du soulèvement de décembre 2010. Revendication à ce jour peu suivie d’effet.