Afin de mener à bien la première revue du programme économique de la Tunisie, appuyé par un accord quadriennal au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC) approuvé en mai 2016, une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Björn Rother a séjourné à Tunis du 7 au 18 avril 2017.
Dans ce cadre, l’équipe des services du FMI a rencontré les hauts cadres du gouvernement tunisien, dont le Chef du Gouvernement, les ministres des Finances, du Développement, de l’Énergie, le Gouverneur de la BCT, ainsi que les représentants de l’UGTT, de l’UTICA et des organisations de la société civile.
A cette occasion, M. Rother a déclaré qu’au terme d’échanges productifs, l’équipe des services du FMI et les autorités tunisiennes sont parvenues à un accord sur les politiques économiques nécessaires pour achever la première revue du programme de la Tunisie appuyé par le MEDC.
Cet accord est subordonné à l’approbation du Conseil d’administration du FMI. L’achèvement de la revue mettrait à disposition 308 millions de dollars ce qui porterait le total des décaissements à environ 627,5 millions de dollars.
«L’économie tunisienne se heurte à de redoutables défis. Les déficits budgétaire et extérieur ont atteint des niveaux sans précédent, la masse salariale en pourcentage du PIB est désormais l’une des plus élevées au monde et la dette publique a continué de s’accroître pour atteindre 63% du PIB à la fin 2016. L’inflation sous-jacente est en hausse. En 2017, la croissance devrait doubler pour se situer à 2,3%, mais elle restera trop faible pour réduire sensiblement le chômage, en particulier dans les régions de l’intérieur et chez les jeunes», a t-il affirmé, ajoutant que cette conjoncture économique difficile exige une riposte urgente et énergique pour maintenir la stabilité macroéconomique et doper la création d’emplois.
«La création de plus de débouchés économiques pour tous les Tunisiens et le maintien de la santé des finances publiques sont au cœur de la stratégie économique du gouvernement. A court terme, les priorités consisteront à accroître les recettes fiscales de manière équitable, à mettre en œuvre la stratégie de réforme de la fonction publique afin de placer la masse salariale sur une trajectoire viable, à réduire les subventions énergétiques et à couvrir les déficits de liquidité immédiats du système de sécurité sociale. L’augmentation des dépenses sociales et un meilleur ciblage du dispositif de protection sociale permettront de protéger les populations les plus vulnérables et de préserver leur pouvoir d’achat en cette conjoncture difficile. Un durcissement de la politique monétaire permettrait de contrer les tensions inflationnistes, et une plus grande flexibilité du taux de change aiderait à réduire le considérable déficit commercial», a indiqué M. Rother.
Il a, en outre, estimé que le gouvernement a réalisé des progrès encourageants dans la mise en œuvre des réformes qui avaient été retardées, pour ainsi s’attaquer aux barrières structurelles qui pèsent sur l’économie tunisienne. Parmi les importants volets de ce programme, il convient, selon ses dires, de mentionner les nouveaux textes de loi sur l’investissement et la concurrence, les travaux d’établissement d’une nouvelle instance constitutionnelle chargée de la lutte contre la corruption et les mesures de réforme des banques et des entreprises publiques. Une réforme globale des pensions permettra d’assurer la viabilité du système de retraites pour les générations futures.
Au final, Björn Rother a souligné que la participation de la Tunisie à l’initiative du G20 Compact with Africa sera une opportunité de mettre à profit les acquis de la Conférence «Tunisia 2020» et de réaffirmer la détermination du gouvernement à construire un avenir économique meilleur pour la Tunisie. La mise en œuvre rigoureuse de l’ensemble cohérent de réformes appuyé par le MEDC permettra en dernière instance de libérer le potentiel à long terme considérable de l’économie tunisienne et d’améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la population.