Le gouvernement turc a proclamé la victoire du « oui » au référendum, organisé le 16 avril. Le « oui » a recueilli 51,35 % des suffrages, après dépouillement des bulletins dans 99 % des urnes.
La révision constitutionnelle, qui instaure un régime présidentiel, consolide le pouvoir du leader turc Recep Tayyip Erdogan. Elle va «enclencher la restructuration la plus drastique des 94 ans d’histoire de la politique turque et de son système de gouvernance», selon un rapport du centre d’analyses Brookings Institution. D’après la révision de la Constitution, le président sera élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Le nouveau texte ne prend pas en compte, en effet, les résultats des élections antérieures. Recep Tayyip Erdogan pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2029.
Les opposants dénoncent une dérive autoritaire et même une « dictature constitutionnelle », vu l’absence de contre-pouvoirs. Le Président Erdogan peut gouverner par décrets. Vu son idéologie islamiste, il pourrait assurer la promotion de l’establishment religieux et occulter la société civile. Fait d’évidence, les acquis modernistes de Mustapha Kamel sont remis en question. Peut-on parler de l’institution d’un « néo-califat », érigé par le «nouveau sultan», comme le surnomment ses adversaires ? Remarquons que le président turc Recep Tayyip Erdogan qui recherchait un plébiscite, a remporté une victoire de justesse. Puissante et bien structurée, l’opposition reste mobilisée. En dépit de la réussite du oui, le président turc Recep Tayyip Erdogan ne peut l’ignorer.
L’actualité fait valoir la nécessité de compromis et, bien entendu, d’une réconciliation avec l’opposition kurde. Plaçons cette velléité présidentielle, dans sa conjoncture globale. Dans le tiers-monde, les régimes ne sont pas à l’aise. S’accommodant difficilement avec la gouvernance démocratique, ils rejettent volontiers le parlementarisme et optent plutôt pour le présidentialisme, qu’ils renforcent dans leur gestion.
Alors que le pouvoir turc hésitait entre ses velléités occidentales (candidature à l’Union Européenne, intégration dans l’Otan) et sa politique néo-ottomane, au Moyen-Orient, la tournure des événements consolide la démarcation avec l’Occident, sans accréditer le néo-ottomanisme. L’alliance da fait avec la Russie – disons plutôt le rapprochement Erdogan/Poutine – ne peut s’accommoder du jeu de rôle turc, avec le Qatar, en Syrie, en Libye et bien au-delà. Wait and see.