Les bouleversements qu’ont connus les pays arabes ces dernières années témoignent d’une discordance entre des sociétés caractérisées par une forte proportion de jeunes et la capacité de ces pays à répondre positivement à leurs besoins et leurs attentes.
Devant l’absence de solutions au court et au long terme , certains de ces jeunes envisagent l’immigration comme une issue favorable et en font même un objectif à atteindre, au prix parfois de grands sacrifices.
Une étude récente du Centre de la Femme arabe pour la formation et la recherche (CAWTAR) s’est penchée sur cette question de société, s’inscrivant dans le cadre du projet SAHWA (réveil) qui explore les perspectives et les opportunités offertes à la jeunesse dans cinq pays arabes du bassin méditerranéen (Algérie, Egypte, Liban, Maroc et Tunisie) dans un contexte de transition sociale, économique et politique, sur un échantillon de 10 000 personnes âgées de 15 à 29 ans.
Selon l’étude 48.3% des facteurs liés à l’immigration des jeunes tunisiens sont d’ordre économique.
Lorsque les jeunes tunisiens sont interrogés sur les facteurs qui les poussent à vouloir s’installer dans un autre pays, les réponse se répartissent comme suit : « manque d’opportunités professionnelles dans le pays » 41.9 %, « les revenus dans le pays sont inférieurs aux revenus à l’étranger »15.3 %, « mauvaises conditions de vie » 18.8 %, « pour échapper à la pression et aux problèmes familiaux » 4.1%, « pour aider ma famille » 4.8 %, « les possibilités pour étudier et de formation sont insuffisantes » 9.8 %, « manque d’opportunité d’acquérir de l’expérience « 3.7%, « situation politique et sécuritaire » 1.7 %.
L’étude montre par ailleurs que 33,5% des jeunes femmes cherchent à émigrer en quête d’aventure et de découverte, dans la perspective d’un changement de mode de vie.
Pourtant la question ne se limite pas seulement à des facteurs d’ordre économique et professionnel, l’étude révèle un sentiment partagé de frustration relatif à un manque d’implication des jeunes dans leur rôle de citoyens. En effet l’étude révèle un sentiment d’exclusion des décisions liées aux questions d’ordre publique et de ne pas contribuer suffisamment aux décisions prises pour le pays.
L’étude met en exergue un autre facteur , culturel, source de discrimination notamment basée sur le genre et les disparités sociales.
Les jeunes des régions défavorisées, ont en effet moins de possibilités d’accès aux espaces de divertissement et aux activités culturelles que les jeunes des grandes villes et des villes côtières. Les filles sont les plus touchées par cette discrimination car elles rencontrent plus de difficultés à fréquenter les maisons de jeunes ou à exercer certaines activités culturelles.
Manque perspective pour l’avenir dans leur processus d’autonomisation, sentiment d’exclusion, et de ne pas être suffisamment valorisé, les jeunes sont dans l’attente d’une meilleure reconnaissance dans des contrés plus clémentes. Des réponses sensées et bien légitimes qui devraient être prises en compte dans les plus brefs délais.