A l’occasion du Forum international Maghrébin, la Délégation de l’Union européenne et l’Economiste Maghrébin ont organisé un dîner-débat sur le thème : « L’innovation comme axe de coopération Tunisie – Union européenne », un thème extrêmement important pour la Tunisie.
« Pourquoi ce choix ? La réponse s’impose d’elle-même. La raison en est que dans cette vaste, difficile et coûteuse entreprise, on s’adresse d’abord à nos partenaires et amis et on sollicite leur aide, leur concours et leur soutien sous toutes ses formes. Ce qui bien évidemment ne nous exonère pas des efforts à faire », a déclaré Hédi Mechri, directeur des publications Promedia à l’ouverture du débat.
M. Mechri n’a pas manqué de rappeler que l’UE a les structures qu’il faut, les mécanismes et les moyens financiers pour enclencher un tel processus qui s’inscrit dans le cadre de la politique de bon voisinage. Elle a, nous dit-on aussi, le désir et la volonté de participer activement au redressement de l’économie tunisienne pour sauvegarder nos avancées politiques et les percées démocratiques menacées d’échec économique.
Invité pour enrichir le débat et partager une certaine vision, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Slim Khalbous, a rappelé que les pays qui ont dépassé leurs crises sont ceux qui ont réussi le pari de l’innovation. « Qui fait l’innovation ? L’Université ou l’entreprise ? Pour lui, la question est traité de manière différente selon chaque pays.
« Il y a une déconnexion entre l’université et l’entreprise . Le défi consiste à rapprocher davantage les universités des entreprises. Celles-ci ne parlent pas le même langage. Il y a un problème de codage et de décodage. Il faut une étroite coopération », a-t-il reconnu.
Pour le ministre, l’innovation est un état d’esprit à acquérir, une formation, un process et une question d’incitation fiscale. Et d’ajouter que l’innovation n’a pas de limites, mais c’est un choix qui devrait donner de la valeur ajoutée à l’entreprise.
Patrice Bergamini, Ambassadeur Chef de la Délégation de l’Union européenne à Tunis, a rappelé, quant à lui, que l’innovation est un axe pivot de la coopération tuniso-européenne. Rappelant les différents programmes européens, M. Bergamini a souligné que la Tunisie est le premier pays de la rive sud de la Méditerranée à bénéficier du programme H2020 lancé au mois de janvier 2016.
De son côté Mme Ouided Bouchamoui, présidente de l’Union tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA), a souligné que la Tunisie est capable de relever les défis. » Nos jeunes ont besoin d’un cadre législatif et réglementaire efficace. Il est temps d’aller plus loin et éliminer les freins et autres blocages. Il faut mettre en place une plateforme d’innovation au service des jeunes, notamment dans les régions », a souligné la présidente de la centrale patronale.
« Ne faut-il pas d’abord identifier où l’on veut aller ? s’est interrogé Serge Degallaix, directeur général de la Fondation Prospective et Innovation. Il a affirmé que la politique doit laisser faire les changements nécessaires. Il n’a pas manque également de mettre l’accent sur l’importance des alliances et des réseaux transfrontaliers.
Invitée pour témoigner de son expérience, Balkis Bouhaouala, chercheur à l’Institut Pasteur de Tunis, a appelé à accompagner davantage les chercheurs dans leurs projets de recherche. » Les industriels doivent accompagner les projets de recherche. La Recherche doit être responsable parce qu’elle coûte cher et elle doit aider la société et l’économie », a-t-elle précisé.
Mme Bouhaoula a regretté l’absence de réglementation relative à la recherche en Tunisie et a appelé à mettre en place des unités de recherche.