Le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi a, ce matin, tenu pour responsable la classe politique de la conjoncture difficile par laquelle passe le pays, lors d’un discours improvisé à l’ouverture d’un forum organisé par la centrale syndicale autour de la conjoncture sociale et économique en Tunisie.
Pour le secrétaire général de l’UGTT la crise est politique et économique à la fois, étant donné que l’économie et la politique sont intimement liées. Pour lui, l’économie reflète la volonté et les choix politiques. Tout en rappelant que la conjoncture générale est difficile dans le pays, il a affirmé qu’elle date d’avant le 14 janvier 2011 « mais la situation n’a fait qu’empirer depuis six ans, malgré la démocratie qui est un cadre adéquat pour faire évoluer les peuples, » précise-t-il.
Pendant les six dernières années, le pays est resté à l’étape du diagnostic sans mettre en place un plan adéquat qui prenne en considération ses spécificités. D’ailleurs, il a indiqué que la crise est à la fois morale et politique. « Remporter les élections ne veut pas dire que c’est un chèque en blanc pour agir comme bon nous semble ».
Et de rappeler que les partis politiques ont mis la barre des promesses politiques très haut et n’ont pas pu les concrétiser. S’ils n’ont pas pu réaliser leurs promesses électorales, c’est parce qu’ils n’ont pas une lecture critique de la situation du pays. Les partis se sont précipités sur le partage du butin, à savoir le pouvoir, ce qui a créé une crise de confiance entre les élites politiques et le peuple.
Le secrétaire général a regretté le manque d’encadrement des jeunes dans leurs revendications et mouvements sociaux. Dans un autre contexte, il a refusé catégoriquement les accusations portées à l’encontre de l’UGTT de mettre le bâton dans les roues et de ne pas proposer de solutions à la crise.
«L’UGTT est une force de suggestion à travers la mise en place des stratégies et d’ailleurs parler de droits de l’Homme sans parler de droits socio-économiques ». Dans le même contexte, il n’a pas manqué de s’interroger sur le réel taux d’inflation, à savoir s’il dépasse ou non le taux annoncé par les sources officielles ».
Revenant sur le consensus politique, il a indiqué que malgré les différentes tendances politiques dans le gouvernement d’union nationale, son programme n’est pas clair. Revenant sur un certain nombre de dossiers urgents, M. Taboubi a rappelé que l’UGTT s’intéresse au problème des caisses sociales depuis 1990 et de considérer qu’il est temps de les réformer.
Pour lui, la solution ne passe pas par la prolongation de l’âge de départ à la retraite mais par l’augmentation des cotisations. Il a indiqué qu’un nombre important d’entreprises font de fausses déclarations à la CNSS et qu’environ 120 mille familles perçoivent une retraite de moins de 150 dinars. « La justice sociale passe par la justice fiscale. Les salariés sont ceux qui sont les plus assujettis à l’impôt contrairement aux professions libérales », dit-il.