En marge de la première journée du Forum Bizerte Smart City, organisé les 26 et 27 avril 2017 à Bizerte, Mohamed Gouider, gouverneur de Bizerte, a annoncé que cette initiative est unique en son genre en Tunisie, à l’instar des expériences similaires dans le monde, visant à enraciner le concept des villes intelligentes.
S’inscrivant dans le cadre du programme national des villes durables, le projet Bizerte Smart City vise, selon le gouverneur, à élaborer une vision stratégique «Bizerte à l’horizon 2050» qui sera axée sur des secteurs prometteurs, et ce, afin d’impulser les investissements, notamment dans les domaines des TIC et des énergies renouvelables.
Dans le même sillage, Mehdi Ben Gharbia, ministre chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les organisations des droits de l’Homme, a rappelé que ce programme des villes durables s’inscrit dans le cadre du Plan de développement quinquennal. Et à partir de cela, que l’initiative Bizerte Smart City a été lancée par la société civile, en partenariat avec les autorités concernées.
Engagé dans le développement durable de la ville de Bizerte et la création d’une dynamique d’investissement, l’Etat lui a consacré une enveloppe de 1600 millions de dinars sur cinq ans (2016/2020) pour la réalisation de grands projets dans plusieurs domaines, permettant à Bizerte d’être un chantier à ciel ouvert. Sachant que durant la période 2011/2016, les investissements publics ont été de l’ordre de 725 millions de dinars.
Il s’agit, selon ses dires, un signe positif vu que le premier moteur de développement consiste dans l’investissement public, mais il faut le renforcer par l’investissement privé.
Pour sa part, Riadh Mouakhar, ministre des Affaires locales, a indiqué que l’Etat a alloué 20 millions de dinars pour la concrétisation du programme des villes durables, qui cible une dizaine de villes du territoire tunisien, y compris Bizerte.
Ainsi, pour l’ancrage du développement durable, l’Etat a également élaboré trois grandes stratégies. Il s’agit de la stratégie Développement durable qui vise à instaurer une production et une consommation durable, renforcer l’équité sociale et la solidarité nationale, gérer durablement les ressources naturelles, promouvoir la qualité de vie des citoyens, développer les villes durables, gérer harmonieusement et durablement le littoral, promouvoir le transport durable, rationaliser la consommation énergétique et promouvoir les énergies nouvelles et renouvelables.
La deuxième stratégie est celle du Changement climatique ayant pour objectifs principaux le développement social et économique à court terme, la réduction de l’ordre de 60% de l’intensité Carbone à l’horizon 2030 par rapport à 2012, la mise en place d’une politique d’adaptation proactive et préventive appuyée par l’aide internationale…
Quant à la stratégie Economie verte, elle vise à définir des indicateurs sectoriels à l’horizon 2030, répondant aux engagements de la convention universelle sur les changements climatiques, créer de l’économie verte, créer de l’emploi, lancer un programme intitulé Green Startups dédié aux jeunes porteurs d’idées…
Néanmoins, et en dépit de tous les efforts déployés dans ce sens, M. Mouakhar a estimé que les villes tunisiennes souffrent de plusieurs problèmes, dont l’absence d’une vision intégrée pour la ville, la centralisation des décisions et l’absence d’autonomie, de maîtrise du foncier, le décalage entre l’état réel et les documents de qualification, le manque de valorisation des spécificités des villes, le manque de projets créateurs de richesse, l’absence d’infrastructure adéquate, le manque d’ouverture sur le contexte international…
Ce qui nécessite, selon ses dires, d’asseoir une vision et une stratégie d’urbanisation durable des villes tunisiennes. Il s’agit de faire évoluer la ville et de l’inscrire dans une logique de ville durable à travers des objectifs spécifiques et des actions prioritaires dans chacune des dix villes concernées par le programme national.
Ouided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a déclaré, pour sa part, que le projet Bizerte Smart City s’inscrit dans le cadre du partenariat public privé. Il vise à enraciner le concept des villes intelligentes qui constitue une des bases de développement technologique dans le monde permettant d’attirer des investissements importants dans les domaines des TIC et autres.
Il s’agit d’une opportunité pour tous les jeunes de s’inscrire dans le développement technologique et de montrer leur capacité et compétence dans ce domaine.
Dans ce sens, l’UTICA demeure et reste parmi les premiers à soutenir le développement technologique et l’impulsion des investissements tunisiens, ainsi que l’attraction des investissements internationaux dans ce secteur et autres.
Pour ce faire, la centrale patronale a participé à l’élaboration de plusieurs stratégies et visions dans le domaine des TIC, dont le Projet «Tunisie Numérique 2020» qui permettra à la Tunisie de devenir une place régionale des projets technologiques.
Barcelone, première ville intelligente du monde
Pour tirer profit des expériences étrangères dans la démarche Smart City, Régis Largillier, expert en Smart Cities – pôle de compétitivité Tennerdis, a souligné que la ville de Barcelone (Espagne) est la première ville intelligente au monde. Elle a opté, depuis 30 ans, pour l’installation de 70 kilomètres de fibres optiques.
A l’issue d’une vision politique du Maire, les autorités ont travaillé, depuis 2011, sur le changement du modèle de gouvernance et la création d’un Area d’Habitat Urbain.
Elles ont élaboré, à cet égard, une feuille de route 2011/2015 pour la réalisation de 83 projets et 12 Areas Identities. S’ajoute à cela un autre plan d’action 2014/2020 pour la réalisation des projets pilotes de super blocs et l’Illa Efficient.
Ainsi, Barcelone s’est engagée dans un urbanisme qui a donné naissance à un nouveau modèle de référence urbain, qui est nul autre que celui de la Méditerranée, ville compacte et complexe, adopté pour relever les défis du développement durable à l’ère de l’information.
Cet engagement se base sur des axes principaux, à savoir un nouveau modèle de gouvernance, une volonté politique associée à une approche participative des citoyens, une diversification des stratégies économiques et une attraction des entreprises qui travaillent sur les Smart Cities.
A noter que la deuxième édition du forum Bizerte Smart City sera organisée les 11 et 12 avril 2018.