Il s’agit du premier centre de ce genre en Afrique et le troisième après la Chine et la Corée du Sud dans le monde : l’Algérie se dote d’une structure spécialisée dans le traitement de l’addiction à l’internet, une décision avant-gardiste et à saluer vu l’évolution inquiétante de la cyber addiction dans nos sociétés.
Le Centre intermédiaire de soins en addictologie (Cisa) de Constantine, en activité depuis 2012 pour la prise en charge des addictions à la drogue, l’alcool et le tabac, a élargi son champ d’activité pour se concentrer sur un autre type d’addiction : l’addiction à l’internet. En effet, depuis 2016 le centre accueille des patients de tous âges, dépendants du web, et d’autres plus spécifiquement aux réseaux sociaux (Facebook, Instagram ou Twitter).
La question s’impose de plus en plus, parallèlement à l’évolution de la place qu’a prise l’internet dans la vie des individus. Autrefois utilisé comme un simple outil, l’internet est de nos jours un ingrédient indispensable du quotidien. Avec l’omniprésence de l’internet, le passage d’une simple utilisation peut évoluer vers une addiction, caractérisée par un usage excessif et surtout incontrôlé en dépit de ses conséquences négatives.
Le témoignage d’un des patients de ce centre illustre bien cette réalité qui tend à s’aggraver. : « Au début, je cachais à ma femme que j’allais au cybercafé de 16h à 20h, puis en rentrant à la maison, je m’enfermais dans la chambre face à l’écran jusqu’à 5h du matin », se souvient-il. « J’avais des migraines terribles à cause de l’écran et mon acuité visuelle a diminué », confie Fayçal avec amertume, en ajoutant qu’il manquait d’appétit, n’avait plus de vie sociale et ne pouvait plus travailler. « C’était une drogue. Je ne pouvais pas décrocher tout seul ».
Le délaissement d’activités pratiquées au quotidien est un signe qui attire souvent l’attention de la personne concernée, mais aussi son entourage. Certains prennent conscience du problème au vu des conflits qui en découlent, d’autres sont encore dans le déni. L’intervention des praticiens prend tout son sens pour permettre aux individus de prendre conscience de l’importance des troubles dont ils souffrent, et les amener par le biais de toutes sortes de techniques psychothérapiques à se distancer de cette utilisation excessive.
La cyber addiction est un fléau mondial, certains pays en ont pris conscience et déploient les moyens et les efforts nécessaires pour rendre cette lutte efficace. En Tunisie, les infrastructures en matière de lutte contre les addictions sont inexistantes, en attendant peut-être que la question se résolve d’elle-même.