L’Economiste Maghrébin, dans son numéro 711, a publié une analyse sur la dépréciation de la valeur du dinar durant la période 2010-2016 et ses impacts sur le commerce extérieur de la Tunisie.
Réalisée par Abdelaziz Ben Bahri, ex Directeur Général de l’Institut d’Economie Quantitative et DG du Financement, l’analyse a mis l’accent sur l’impact de la dévaluation sur les exportations et les importations. « Faut-il malgré tout se résigner à continuer à dévaluer le dinar ? Faut-il alors avoir le courage et décréter l’état d’urgence de l’économie tunisienne ? », s’interroge Abdelaziz Bahri.
L’analyse fait ressortir que :
– Le dinar a perdu aux environs du tiers de sa valeur sur la période 2010-2016.
– Les exportations, évaluées en dinar auraient augmenté de 23.9% ; toutefois, si elles sont évaluées en dollars,elles auraient baissé de -23.8% et de – 0.8/% si elles sont évaluées en euro.
– Les importations évaluées en dinar auraient augmenté de 31.3% (taux plus important que celui des exportations). Evaluées en dollar US, elles auraient baissé de – 19.3%. Par contre, évaluées en euro, elles auraient augmenté de + 3.8%.
– Les élasticités de nos exportations par rapport à la variation du taux de change du dinar étant positives, on interprète une telle situation comme si les exportations tunisiennes sont assimilées à un bien de luxe dont le prix est bradé, ce qui fait que les consommateurs étrangers ne lui accordent pas toute l’importance qu’il mérite.
– Quant aux élasticités de nos importations par rapport à la variation du taux de change du dinar, elles font ressortir ce qui suit : selon que nos importations sont évaluées en dollar ou en euro, elles sont soumises à un effet pervers qui consiste en une augmentation à la suite d’une dépréciation de la valeur du dinar, soit elles sont inélastiques à cet effet de dépréciation de la valeur du dinar.
De la sorte, la dépréciation ou la dévaluation du dinar ne donne plus l’effet escompté, mais on risque, plutôt, de nous retrouver avec des effets pervers consistant au bradage de nos produits sur les marchés extérieurs et, par conséquent en un transfert de notre économie aux étrangers.
La détérioration de la situation de la balance commerciale tunisienne n’est de la sorte pas due à l’appréciation de la valeur du dinar. Il faut la rechercher ailleurs, en décrétant l’état d’urgence de l’économie tunisienne pour se permettre de légiférer par quotas et autorisations en matière de commerce extérieur, pour réviser certaines conventions commerciales avec certains pays et pour engager une réflexion profonde sur le modèle économique et social que nous devons mettre en place, puisque le modèle présent ne permettra pas à la Tunisie de sortir de son marasme.
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L’intégralité de l’analyse est disponible sur les colonnes de notre magazine n°711 du 3 au 1 7 mai 2017.