Que faut-il faire pour sortir le système sanitaire de la crise dans laquelle il se débat ? C’est dans ce contexte que Samira Merai Friaa, ministre de la Santé publique, a fait, exclusivement à leconomistemaghrebin.com, un état des lieux de la situation sanitaire du pays. Elle y affirme qu’il faut valoriser le secteur de la santé « car la santé c’est l’affaire de tous », a-t-elle déclaré.
Tout comme elle a souligné également: « Il est très important en tant que gouvernement d’insister sur la politique de prévention où le citoyen est de plus en plus impliqué. Aujourd’hui, le ministère de la Santé ouvre le débat à propos de la lutte contre les maladies non-transmissibles, l’une des premières causes de mortalité. Nous devons également lutter contre les cas de suicide. De ce fait, j’insiste sur la prévention ».
Par ailleurs, la ministre a mis l’accent sur l’importance d’équiper les hôpitaux publics de tous les services nécessaires ( services de gynécologie, obstétrique, épidémiologie et bien d’autres dans les régions). Et pour y parvenir, il faut instaurer un débat sociétal sur la réforme de la santé. Mme Merai précise: « Les professionnels de la santé doivent se sentir en sécurité, améliorer les conditions des médecins du secteur public, impliquer le personnel paramédical » . Elle ajoute également que la Tunisie est le seul pays où il y a plus de spécialistes que de généralistes (52% des médecins spécialistes et 48% généralistes).
Interrogée sur la priorité de son ministère, elle a répondu: « Nous considérons que l’investissement en matière de santé est le vrai investissement. Or on ne peut pas faire de développement sans investissement. Le gouvernement a fait du budget alloué dans ce secteur sa priorité, soit un budget de 2200 millions de dinars pour 13 hôpitaux et 260 millions de dinars consacrés aux équipements pour diminuer le déséquilibre entre le secteur rural et urbain ».
Et de préciser: « Le budget des régions de Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid s’élève à 493. 430. 000 dinars. Il faut donner de l’importance à ces régions, notamment dans les quatre hôpitaux régionaux ( Sbiba, Tela, Hafouz Jelma, l’hôpital universitaire de Kairouan) . La création de plusieurs services de l’hôpital Ibn Jazar à Kairouan est estimée à 110 millions de dinars.
Par ailleurs, elle a fait savoir que l’AFD finance la construction d’un hôpital à Sidi Bouzid pour un coût de 50 millions de dinars.
La fuite des cerveaux?
« Je tiens à préciser que l’année 2017 c’est l’année de crise en matière de recrutement. Il est important de nos jours de valoriser les médecins et de ne pas les négliger car ils sont l’avenir du pays », a-t-elle répondu.
Le volet de l’erreur médicale et la faute médicale
La différence entre les deux termes : l’erreur médicale est liée aux impondérables de la médecine (comme par exemple une erreur de diagnostic), elle n’engage pas la responsabilité du professionnel. Alors que la faute médicale met en cause directement la responsabilité du praticien qui n’a pas respecté les règles scientifiques requises durant un acte médical.
Elle conclut: « Il faut qu’il y ait un débat national, et les seuls qui peuvent être juge et partie ce sont bien les hommes de la profession, les professeurs agréés. D’ailleurs, une convention est en cours d’élaboration avec le Conseil Supérieur de la Magistrature pour élaborer un plan d’action concernant la responsabilisation des médecins ».