De 2005 à 2015, 7.548 projets industriels, dont le montant d’investissement est supérieur à 100 mille dinars, ont été déclarés au niveau de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) et auxquels aucune suite n’a été donnée.
Le nombre de projets non réalisés (PNR) a connu une augmentation significative, passant d’une moyenne de 600 PNR par an, cours de 2005-2009, à plus de 900 PNR par an en 2010-2012. Le nombre des PNR de 2014-2015 est considéré comme provisoire puisque le sort de plusieurs projets déclarés en cette période n’est pas encore identifié à la date de juin 2016 (date du traitement des données).
Par secteur d’activité, la répartition des PNR au cours de 2005-2015 montre qu’elle est globalement similaire à celle du total des projets déclarés.
Pour la répartition par région, elle montre que les 7 gouvernorats du Nord -Est accaparent près de la moitié des PNR et que les 4 gouvernorats du Centre-Est hébergent près du ¼ des PNR. Cette concentration des PNR sur le littoral reflète la dynamique de création de projets dans ces régions.
Toutefois, le taux de PNR (rapporté au nombre total des déclarations de projets), tel qu’il ressort du rapport de suivi des réalisations de l’APII sur la période 2011-2014, se situe à son niveau le plus élevé dans les régions du Nord-Ouest avec 64% et du Centre-Ouest avec 57% et à son niveau le plus bas dans la région du Centre-Est avec 39%.
Les statistiques de l’APII ont démontré que les PNR de 2005 à 2015 ont cumulé un investissement non réalisé de 12,5 milliards de dinars. Parmi ces projets, 400 (soit 5% des PNR) sont de taille importante avec un investissement supérieur à 5 MDT et représentent 57% du total des investissements prévus.
Dix d’entre eux sont de très gros projets avec des investissements unitaires dépassant les 100 MDT et cumulent, à eux seuls, environ 21% du total des investissements.
A noter que les enquêtes qualitatives ont montré que les causes de non réalisation de ces projets correspondent généralement à des éléments intrinsèques au promoteur lui-même et/ou à des facteurs remettant en cause la viabilité et la pertinence même du projet.
Entreprises industrielles fermées
Durant la période entre 2005 et juin 2016, 4319 entreprises industrielles (de plus de 10 employés) ont fermé. Ces fermetures ont causé la perte de près de 250 000 emplois.
Le nombre de fermetures annuelles a été globalement stable, variant entre 350 et 400 entreprises par an et n’a pas connu une forte tendance haussière après la révolution à l’exception d’un léger pic en 2011.
L’APII a dévoilé que l’impact de la révolution a été ressenti surtout au niveau de la création de nouvelles entreprises. En effet, le nombre moyen d’entreprises manufacturières créées par an est passé de 470 sur la période 2005-2011 à 292 durant la période 2012-2015, soit une baisse d’environ 40%.
La répartition sectorielle a montré la prépondérance du secteur Textile & Cuir qui représente 59% des fermetures, soit près de 2600 entreprises fermées sur la période 2005-2015. Suivent le secteur des industries mécaniques et électriques (IME) avec 13% et celui des industries agroalimentaires (IAA) avec 11% de fermetures.
En rapportant le nombre de fermetures à la taille du secteur (Total des entreprises en activité entre 2005 et juin 2016), les résultats confirment un taux de mortalité particulièrement élevé dans le secteur Textile & Cuir qui a atteint 56%, illustrant la fragilité structurelle de ce secteur. Pour les autres secteurs, ce taux de mortalité varie entre 29 et 38%.
Par région, un taux de mortalité particulièrement élevé a été enregistré dans le Centre-Est avec 47% et le Nord-Est avec 45%. Pour les autres zones, ce taux de varie entre 27 et 34%.
Quant aux des entreprises étrangères, le taux de mortalité a atteint 53% contre seulement 40% pour les entreprises tunisiennes. Cela montre une sensibilité plus accentuée des entreprises étrangères, notamment celles de petite taille, face aux événements qui peuvent marquer le contexte local (révolution) ou international (accords, crises économiques,…).
Le taux de mortalité des entreprises de moins de 50 emplois a atteint les 47%, alors qu’il n’est que de 30% pour celles de plus de 200 emplois. Cela confirme le fait que les entreprises de grande taille sont les plus pérennes.
Au final, l’APII a démontré que les entreprises qui disparaissent avant d’atteindre l’âge de 10 ans représentent près de 60% du total des fermetures. Cela montre que dans la majorité des cas, la disparition n’est pas due à l’atteinte d’une phase de déclin «naturelle» dans le cycle de vie de l’entreprise, mais plutôt à d’autres difficultés internes et externes.