Pourquoi faut-il se mobiliser pour sauver le secteur de la santé publique ? Les chiffres présentés par l’Association Tunisienne de Défense du Droit à la Santé, lors d’une conférence de presse pour lancer l’initiative « Appel pour sauver le secteur public de la santé », montrent bel et bien qu’il y a urgence.
Si les paiements directs des ménages en Tunisie, en 2013, sont quantifiés à hauteur de 37.5% des dépenses totales de santé, pour l’OMS ils ne devraient pas être supérieurs à 20%. En Tunisie, ils sont supérieurs à ceux de la Jordanie (28.5%) et très nettement supérieur de la moyenne des pays de l’OCDE (19%).
Les paiements directs des ménages augmentent le risque des dépenses de santé (+40% des revenus d’un ménage affectés à la santé) aggravant les inégalités régionales et augmentant l’incidence de la pauvreté. Et s’ajoute à cela que 16,7% de la population ne bénéficient d’aucune couverture sociale et 18,1% parmi les plus indigents, d’après l’enquête sur la consommation des ménages en 2015 menée par l’INS.
Par ailleurs, la carte sanitaire 2015 n’est pas sans dévoiler que les gouvernorats de Sidi Bouzid, Kasserine et Kairouan ont un taux d’équipement en lits hospitaliers publics très inférieur à la moyenne nationale. Pour Sidi Bouzid (101), Kasserine (122) et Kairouan (124) alors que la moyenne est 184.
Les mêmes soucis existent en ce qui concerne le taux de médecins (privés et public pour 100.000 habitants) dans un certain nombre de gouvernorats. Les chiffres montrent que ce taux demeure inférieur à la moyenne nationale. La moyenne générale est de l’ordre de 130,1 médecins pour 100.000 habitant. A sidi bouzid (41,7), Tataouine (58,1), Kairouan (62,1), Jendouba (63,7), Kasserine (65,5), Siliana (69,6).
La carte sanitaire 2015 dévoile, entre autres, que les équipements lourds de santé sont dans leur grande majorité dans le secteur privé. 80% des IRM existent dans les établissements sanitaires privés, 74% des scanners existent dans le secteur privé et 71,80% des installations de cathétérisme cardiaque existent dans le secteur privé.
Les chiffres indiquent, entre autres, que le budget du ministère de la Santé a été revu à la baisse. Le budget du ministère est passé de 1751,097 MD en 2016 à 1742.344 MD en 2017 soit une baisse de 0,5%. En 2016, le budget alloué au ministère de la Santé avoisine les 6,01% du budget total de l’Etat et en 2017, il représente 5,41% du budget de l’Etat.
Sur un autre volet les statistiques affirment la baisse du nombre des cadres médicaux, paramédicaux, agents et pharmaciens au sein des structures de santé. A titre d’exemple, le nombre des fonctionnaires paramédicaux est passé de 43174 personnes en 2015 à 40335 en 2017. Le nombre de cadres médicaux et pharmaciens est passé de 9044 en 2014 à 8418 en 2017. Cette baisse du nombre de cadres survient alors que le ministère vient d’achever la construction de plusieurs nouveaux établissements médicaux auxquels devra être affecté le personnel médical adéquat.